P
aris, 1871, l'aventure de la Commune se termine dans le sang et les larmes. Quatre années plus tard, une jeune femme confie son bébé atteint d’une difformité au visage à un couple de bouchers. En grandissant, il est contraint de la masquer avec un cache-col en cuir, subissant les sarcasmes des autres enfants. Muet, Tristan aide ses parents adoptifs à la boucherie, jusqu’au jour où il se découvre un goût prononcé pour la peinture en dessinant sur un mur avec le sang coulant de l’abattoir. Fort de ce talent et d’une grande sensibilité, il a trouvé sa voie et ne tarde pas à être remarqué par Mathilde, une jeune femme passionnée par le courant impressionniste. Cependant tout n’est pas idyllique et le jeune homme est visiblement porteur d’un terrible secret lié à sa naissance. Cette filiation noble n’est pas du goût de tous et certains voudraient bien que ceci ne sorte jamais au grand jour.
Frank Giroud, on le sait, est un scénariste talentueux. Les albums à son actif démontrent l’étendue de son imagination, d’Azrayen au Décalogue en passant par Les Oubliés d’Annam ou plus récemment Quintett, il est très à l’aise dans les récits historiques. Sa documentation est souvent pointue et sans failles.
L’Ecorché ne fait pas exception, l’auteur constitue un fois de plus un récit illustrant parfaitement la ville de Paris au sortir de la Commune, évoquant dans l'esprit le Sambre d'Yslaire. Il y dépeint un siècle qui se termine sur un renouveau artistique celui des impressionnistes et leur style novateur. Giroud narre l’histoire, relativement banale à l'époque, d’un enfant éloigné de sa véritable famille. Celle d’un homme devenu, à sa manière, un peintre maudit au destin chaotique et affublé d’un edifformité.
Il fallait tout le talent de l’auteur espagnol Ruben Pellejero pour illustrer cette période où l’art se mêle au sang, celui utilisé par le jeune héros pour ses premières toiles. Le dessinateur au trait épais, remarqué à raison dans Un peu de fumée bleue ou encore Le Tour de Valse réussit à retranscrire parfaitement cette ambiance du Paris de la fin du XIXe siècle. La mise en couleurs est très harmonieuse et chaleureuse, une belle réussite. On y retrouve forcément le style de l’auteur, mais il a su s’adapter parfaitement à l’histoire imaginée par Giroud.
Le mystère entourant ce jeune homme est teinté d’émotion faisant de l’Ecorché un récit intéressant, rien de palpitant ou d’extraordinaire, mais une belle aventure romanesque sur fond de secrets de famille. Le duo Giroud-Pellejero fonctionne à merveille. Un album quand même légèrement en déça des deux autres séries publiées dans la même collection.
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C'est un véritable chef-d'oeuvre que nous livrent ici Franck Giroud et Ruben Pellejero.
Dans le Paris populaire de la fin du XIXe siècle, le destin tragique de Tristan Paulin cache un terrible secret familial.
L'intrigue de Giroud est d'une finesse remarquable et les dessins de Pellejero collent magistralement à l'ambiance noire de cette série.
Superbe chef d'oeuvre qui part du Paris de la Commune pour se terminer plus de de 50 ans plus tad (dans le Tome II).
Personnage muet et difforme, Quasimodo de la Belle Epoque, Tristan Paulin va finir par trouver son Esméralda-Pygmalion. Mais comme si ce n'était pas tout on retrouve aussi la quintessence du roman-feuilleton du XIXème siècle, "L'écorché" étant en quelque sorte un prolongement (tout à fait différent) des Mystères de Paris de Sue.
L'ambiance du Paris populaire de l'époque est merveilleusement rendue. Les couleurs (rougeâtres le plus souvent) sont fabuleuses. Et comme Tristan, on reste bouche bée.