A
nnées 40, en Birmanie sous occupation britannique. Alors que le mouvement pour l’indépendance prend de l’ampleur, le gouverneur fait exécuter des étudiants pacifistes qui ont molesté son épouse. L’un de ses fils, capitaine de la Garde, procède à l’exécution, tandis que son jumeau prend fait et cause pour les rebelles parmi lesquelles une jeune birmane dont il est amoureux. Quand ce dernier tombe gravement malade, celle-ci fait intervenir un guérisseur très puissant, héritier d’un savoir ancestral et mortel. La jeune fille ignore alors que le mage est fou de chagrin, ses deux neveux comptant au nombre des victimes du gouverneur…
Le dessin de l’Américain Guice (encré par son compatriote Perkins) est assez plaisant, bien que relativement classique notamment pour ce qui est de la mise en page. Son trait réaliste est bien mis en valeur par les couleurs de Joëlle Comtois qui restituent joliment l’ambiance coloniale. Mais c’est très clairement par son histoire que cette série cherche à se démarquer.
L’époque, l'ambiance générale, la romance platonique évoquent des aventures d’un autre temps (la couverture également), un genre de fiction qui a quasiment disparu aujourd’hui. C’est peut-être pour se défaire totalement de cette impression trompeuse que les auteurs se sont fendus d’une sorte de prologue de 18 pages, qui retrace l’histoire de la malédiction qui frappera par la suite. Curieuse entrée en matière, puisque l’explication précède les événements : si la narration n’est pas désagréable, l’accroche n’est pas aisée car la voix off rappelle en permanence qu’il ne s’agit pas de l’intrigue principale.
A la manière d’un Dorison (notamment dans Sanctuaire et Prophet), Philippe Thiraut mêle donc une histoire traditionnelle à une trame fantastique. A ce détail près que le premier jette en général les bases d’une histoire mystérieuse et introduit brusquement le fantastique comme coup de théâtre. Ici, guère d’effet de surprise, et si le contexte (indépendance Birmane) est une bonne trouvaille, les personnages comme l’histoire demeurent assez conventionnels. L’ensemble demeure malgré tout divertissant et un final en trombe permet de laisser le lecteur sur un sentiment favorable.
La longue introduction n’ayant pas laissé beaucoup de place au développement de l’intrigue, le deuxième tome aura un rôle déterminant pour bien installer cette série qui a montré quelques promesses.
C'est le genre de série que j'aime habituellement lire. Le scénario est signé par un auteur peu connu Thirault dont j'avais pu apprécier la série Mille Visages. Je me rends compte qu'il ne change pas du tout de registre et reste dans ces histoires de malédictions.
La scène introductive du premier tome est très intéressante. Elle nous met dans le bain dans cette histoire de miroirs maléfiques qui restent intacts deux mille ans après dans une cité enfouie sous la jungle birmane. Puis, l'action se passe dans les années 40 où les impérialistes anglais dominent le pays. On va alors se focaliser sur une famille en particulier: celle du gouverneur car c'est très pratique. Les drames familiaux qui se succède rappellent les feuilletons TV de l'après-midi où il y a toujours un patriarche qui joue son rôle de salaud à la perfection (tirez sur les étudiants sans armes et massacrez les tous ! Cela rétablira la paix dans le pays ! Mais oui !). C'est dommage de sentir une telle dérive dans un scénario purement manichéen.
Le second tome commence également avec une scène introductive un peu effrayante mais la suite sera du n'importe quoi : le jeune anglais mettra son pouvoir de feu et de glace au service des indépendantistes birmans pour lutter contre son jumeau dans le camp des colonialistes. Pourtant, cela se laisse lire agréablement comme on peut regarder un feuilleton un peu débile. Trop simpliste et pas de subtilité: voilà ce que je reproche à cette série !
Les dessins sont par contre très réussis. On se sent vraiment embarqué dans cette jungle birmane. Cela ne mérite pas 4 étoiles : loin de là à moins d'être peu regardant. C'est divertissant et très convenu.