L
e nom de la série prête à confusion. Il évoque le surnaturel, prédispose à trouver des phénomènes étranges façon X-Files, mais il n'y a rien de tout ça ici. Le terme de paranormal qualifie les humains qui ne sont pas tout à fait normaux, en l’occurrence des mutants disposant de pouvoir exceptionnels. Dans le premier tome prometteur paru en 2004 (L’ogre, encore un titre qui évoque un autre univers), le rideau était levé sur ces paranormaux, réunis en organisation criminelle et donnant bien du fil à retordre aux forces de l’ordre. On en apprend un peu plus cette fois, notamment sur l’existence de « sentinelles » qui collaborent avec la police. L’apparition de super-héros positifs au côté de «super-vilains», accentue le parallèle avec X-Men, mais c’est bien plus du côté du polar classique qu’il faut chercher un lien de parenté.
Dan Christensen a en effet réussi un mariage intéressant des univers qui ont baigné sa jeunesse aux Etats-Unis. L'univers des comics transpire par le biais des super héros tandis que le graphisme jouit d'un côté rétro plutôt réussi : une jolie ligne claire, trait épurés et décors minimalistes, agrémentée d’une gamme de couleurs réduite et sobre. De ce point de vue, mais aussi par quelques partis-pris (dialogues nombreux et bien écrits, héros affublé d’un imper, mise en page très sage…), l’album a même le charme de séries beaucoup plus anciennes, tout en bénéficiant d'un dynamisme tout à fait actuel. C'est le cas dans les scènes d’action et de bagarre notamment, où l’auteur montre qu’il n’est pas forcément nécessaire de surcharger le dessin en couleurs ou de faire exploser la mise en page pour être efficace.
Le point de vue narratif évolue dans ce second tome : Henry Wade, « L’ogre », devient le personnage principal et son parcours de repenti est dévoilé. Il collabore « à sa manière » avec des policiers dont les méthodes s’apparentent à celles des voyous qu’ils pourchassent. Très classique, l’intrigue a avant tout le mérite d’être bien construite et se déroule sans temps mort.
Difficile de ne pas se sentir frustré au moment d’apprendre que le troisième tome viendra mettre un point final à l’ensemble. L’histoire en elle-même le justifie (on se délecte à l’avance des quelques règlements de compte qui se profilent) mais Dan Christensen a créé un univers riche qui recèle probablement encore de nombreuses pistes à explorer. On en reprendrait volontiers une rasade en tout cas, si le troisième tome était du même tonneau que les premiers.
Pour les trois tômes : Excellent. Le genre d'album qui vous accroche l'oeuil sur l'étal et qui vous enchante à la lecture. Déjà sensible a la ligne claire, la voire appliquée a un genre, les histoires de supers, auquel elle est d'habitude étrangère est un ravissement d'autant que c'est exécuté ici avec brio. Le scénario tient en haleine se suit avec plaisir. Les références et clin d'oeuil nombreux sont sympathiques et agréables. A rechercher absolument.
Ce 2ème tome tient ses promesses : L'histoire continue d'imbriquer les intrigues avec une étonnante fluidité et un juste équilibre entre dialogues et scènes d'action.
Quant au dessin : j'adhère toujours complètement ! C'est fluide et ça colle à merveille à l'univers narratif.
Vivement le tome 3 !