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idoine Letignal, un homme d'âge mûr, pénètre dans une pharmacie, un nourrisson dans les bras. Nerveux, sur le qui-vive, il prend finalement la fuite, peu ouvert aux questions embarrassantes qui lui sont posées. Il se réfugie dans un café, mais là encore tous les regards se posent sur l'enfant qui ne semble pas être le sien. En revanche, ici, aucun échappatoire n'est possible, Sidoine doit s'expliquer. Il sort quelques notes de ses poches pour se rafraîchir la mémoire : tout à commencé quelques mois auparavant alors qu'il formait avec sa femme et son fils une famille idéale dans un quartier défavorisé...
Nouveau diptyque pour le très prolifique Luc Brunschwig depuis le renouveau de Futuropolis il y a moins d'un an. La mémoire dans les poches s'ajoute en effet au Sourire du clown ainsi qu'à la mise en place de la collection 32 dont il est le responsable et pour laquelle il a de nombreux projets en cours comme Après la guerre ou Holmes. Le point commun à toutes ses histoires, c'est la détresse de ses personnages qu'il pousse dans leurs derniers retranchements. Ici, toutefois, le ton n'est pas au thriller ou autre intrigue haletante, mais résolument à la chronique sociale, au récit intimiste, un genre qui repose essentiellement sur l'émotion qui s'en dégage. Mais les sentiments, c'est bien connu, ne se commandent pas. C'est peut-être là que l'auteur pèche en voulant trop en faire. Les personnages manquent quelque peu de naturel, avec des comportements peu convaincants, à l'image des clients du café littéralement fascinés par le discours de M. Letignal. La narration est d'ailleurs rythmée par leur réaction, qui donnent à l'ensemble un côté mélodramatique dont on se serait bien passé pour mieux y croire. Et ce ne sont pas les grosses larmes démesurées qui remplissent régulièrement les yeux des différents acteurs qui amélioreront cette impression. En revanche, Brunschwig construit une nouvelle fois parfaitement son récit dont on peut être sûr que la suite nous réserve des surprises. Quels mystères se cachent derrière ces mémos qui remplissent ses poches et font le titre de la série ? Sidoine n'aurait-il pas inventé une partie de son histoire ?
Aux dessins, Etienne le Roux, déjà auteur du Serment de l'Ambre ou d'Amenophis IV chez Delcourt. Dans un genre très différent, en couleurs directes, c'est une réelle bonne surprise. Son style semi-réaliste est efficace, et permet de mettre en place des personnages expressifs. Ce n'est par contre pas forcément le plus adapté pour susciter de la tendresse, et c'est peut-être ce qui manque, mais d'autres y sont déjà arrivés, souvenez-vous Plessix avec Julien Boisvert.
À force d'éditer de bons albums, c'est presque les yeux fermés que l'on attend les nouveautés Futuropolis. La mémoire dans les poches ne déroge pas, même si certains travers agacent et qu'on attend la suite pour être complètement convaincus.
Très très bonne série. Beaucoup d'émotion dans de petites choses, du détail qui vous secoue et vous fait sourire ou mouiller l'oeil. Bravo !
Je me rappelle avoir été agréablement surpris par le premier tome où un papy entre dans un café avec un bébé dans les bras pour ensuite raconter son histoire aux clients. C’était une manière forte originale de présenter un scénario qui dénotait avec les précédentes séries de l’auteur. Le rythme était plutôt lent mais permettait de s’immerger progressivement dans ce récit ayant pour cadre les banlieues défavorisées. Point de frasques ou de meurtres à grande échelle mais un récit presque intimiste qui se concentrait sur une petite famille généreuse prise dans la tourmente des difficultés des sans-papiers.
Il est vrai que le côté un peu utopique des relations humaines pourra surprendre plus d’un lecteur dans une France profondément divisée sur la question migratoire. Cela pourrait être interprété comme une aide humaniste réalisée par des bobos ne vivant pas au quotidien de ces quartiers difficiles et ne comprenant pas la souffrance des habitants. Moi, j’aime bien l’autre vision déployée par l’auteur à savoir cet élan de générosité pour aider les plus fragiles à échapper au poids de la religion et des coutumes.
Le second tome avait opéré une véritable cassure dans la mesure où l'accent est mis sur un autre personnage : celui du fils de ce papy qui est devenu écrivain. On va suivre son périple en Algérie qui vire un peu à une espèce de quête initiatique autour de la recherche du père. On ne s'attendait pas à un tel tournant dans l'histoire et surtout sur les choix opérés par l'auteur. Pour autant, le plaisir demeurait intact que de suivre l'évolution de ce récit qui épaississait davantage le mystérieux secret de famille autour d’une mémoire en poche.
J’avais des craintes quant au 3ème tome. Comment concilier la recherche désespérée du fils avec un premier tome constitué principalement de flash-back ? Bref, il fallait recoller tous les morceaux. L’auteur qui savait qu’il était attendu au tournant a parfaitement maîtrisé l’ensemble. Bien sûr, il y aura beaucoup d’émotions ainsi que des retournements inattendus. Le message qu’a voulu faire passer Sidoine est sans doute le plus beau qui soit mais il est à peine croyable. On se demande pourquoi il a fait tout cela, comme abandonner sa famille exemplaire pour en construire une autre. Il faut sans doute avoir vécu le pire.
Nous avons là et sans conteste l’œuvre la plus abouti de Luc Brunschwig qui a été réellement à la hauteur de l’attente avec une maîtrise parfaite de la fluidité du récit. Un mot également sur le dessin pour dire qu’il m’a également totalement convaincu par sa grâce et sa beauté pleine de douceur. Cela fait du bien en ces temps-ci.
Note Dessin: 4/5 - Note Scénario: 4/5 - Note Globale: 4/5
Grandiose. Un scénario qui commence comme une histoire banale mais rien ne reste banal avec Luc Brunschwig. Quel talent. J'ai aimé. Je le conseille.
Si vous avez pris le temps de lire le résumé, vous aurez compris qu'avec La mémoire dans les poches, vous ne serez pas déçus. Le scénario est aux petits oignons. Renfermant du suspens et qui tient son lecteur en haleine. Au fil des tomes, je me suis sentie emportée par le tourbillon de ces personnages si attachants. La mémoire dans les poches est une BD sociétale. Elle nous montre la réalité de ce qui nous entoure de façon cru et nous percute tout simplement par ses vies qui se croisent parfois violemment, parfois avec douceur.
J'ai apprécié particulièrement les personnages de cette BD. Les caractères sont forts, les langues se délient, les aveux se font, les secrets sont découverts. Finalement, comme dans la vraie vie, on se rend compte que l'on ne connaît jamais vraiment les gens qui nous entoure. Les personnages s'affirment tout au long des tomes. Ils ont su m'émouvoir mais également me surprendre.
Le seul bémol de cette BD est son esthétique un peu "vieillotte". Le dessin est très classique et l'ambiance générale est vraiment particulière. J'ai quand même apprécié le changement de nuances de couleurs suivants les situations illustrées.
http://aufildesplumesblog.wordpress.com
J'aime beaucoup cette histoire et j'ai lu les 2 premiers tomes avec beaucoup de plaisir. Mais quand donc pourra t'on lire le 3éme???? Déja 6 ans que le 2éme tome est paru!!! C'est incroyable de faire attendre les lecteurs aussi longtemps. J'enrage!! Du coup je ne met que 3 sur 5.
Très belle série. Beaucoup d'émotions : histoire de famille, d'immigration, de persécutions... de vie...
Le troisième tome se fait attendre...
Peu d'action, de course poursuites ou de fusillades et pourtant une BD avec une force peu commune. Preuve que la BD peut parler de tout avec un bon scénario.
C'est la cas ici!! Du vra, du sordide, de l'authentique.
Malgré des dessins perfectibles une très bonne BD.
8/10.
Qui est ce viel homme qui tient un nourrisson dans les bras ? Cette question que tout le monde se pose y compris le lecteur, nous permet de rentrer progressivement dans la vie ordinaire de Sidoine Letignal. Une vie en apparence morne, peuplée de souvenirs d'enfance qui reviennent en flahs back traumatisants, une épouse dévouée à la cause de l'enfance difficile et un fils avec lequel il semble avoir de superbes rapports. Sidoine se retrouve à raconter son histoire dans un rade de quartier, entouré d'un public pittoresque et attentif. Les planches servent magnifiquement l'histoire et comme toujours chez FUTUROPOLIS, sont réalisées avec le plus grand soin et beaucoup de talent. Les tons pastels sont au diapason du récit bien mené qui décrit une vie de couple morose animée par Lol, un fils naîf et dévoué, véritable bain de jouvence ses parents étouffants. La fin surprenante à plus d'un titre donne envie de poursuivre et de comprendre la signification du titre.
Un papy entre dans un café avec un nourrisson dans les bras. Les clients commencent à le soupçonner d’enlèvement. La mémoire défaillante, Mr Letignal va alors conter l’histoire de sa naissance dans un quartier défavorisé à l’aide des pense-bêtes qui traînent dans ses poches.
Une belle chronique sociale de gens simples qui se retrouvent confrontés à l’éclatement d’une famille face à l’arrivée d’une jeune maghrébine en situation irrégulière.
Les dessins sont superbes et servent vraiment bien l'histoire, même si je ne suis pas super fan du style de dessin en question, c'est vraiment beau. Ensuite, le plus important pour moi dans une BD, le scénario, et là, booomm, Sieur Luc Brunschwig nous entraîne dans son histoire avec une facilité déconcertante... et voilà que déjà les 86 pages sont finies... pas un temps mort !! On referme le livre, et on cherche désespérément la suite.
J'ai bien aimé mais je ne peux pousser la quintessence comme le font mes collègues bédéphiles. J'adore Luc Brunschwig et l'ouvre de celui-ci. La mémoire dans les poches peut réserver de très belles surprises puisque le talent du scénariste réside dans ses retours de situation. À voir pour la suite, qui s'avèrera tout de même de la même qualité que le premier produit, j'en suis certaine.
Le papier mat et les couleurs délavées embellissent le produit. Un bon début de série...
A priori ce genre de bd est bien loin des mes convictions bédéphiles mais je me suis laissé séduire par le nom de Luc Brunschwig au scénario. Et encore une fois je ne suis pas déçu. Cette bd est une vraie merveille, les dessins sont magnifiques et le rendu des couleurs colle parfaitement à l'histoire. Le scénario est plein de bons sentiments et la personnalité de chaque personnage est développée à la Brunschwig, c'est simple mais c'est à la fois profond et attachant. Encore un grand moment de bande dessinée. Pour son retour après de longues années sans production, Futuropolis fait fort, très fort.
Lu ce week-end, un véritable moment de bonheur !!!
Comme pour "les petits ruisseaux" de Rabaté dans la même collection, il s'agit d'une belle BD, ne serait-ce qu'au niveau présentation et qualité du papier... j'y suis sensible
Ensuite, toujours comme pour "les petits ruisseaux", il s'agit de parler d'émotions, peut-être simples aux yeux de certains, mais, je ne suis pas convaincu du côté négatif de la chose. C'est une histoire qui touche. Seul petit bémol, si la banlieue y est retranscrite de manière assez exacte, je regrette une petite caricature des personnages qui ont en majorité absolue "un bon fond". Je ne pense pas que la réalité soit aussi réjouissante... Bien naturellement, la trame de l'histoire est dure, très dure, mais c'est ce que j'ai ressenti à la lecture. Maintenant, ce côté un peu utopique des relations humaines a aussi un certain charme et peut donner de l'espoir...
Le dessin et les couleurs sont parfaits et accompagnent parfaitement le scénario.
Une excellente BD pleine d'émotions. Je pense avoir été encore plus touché par cette dernière que par "le sourire du clown" dans le sens où "la mémoire dans les poches" me paraît encore plus crédible et fidèle à une certaine réalité.
En attente de la suite avec impatience.