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n l'an de grâce 1358, une secte fait régner la terreur à Carcassonne. Les Masc sont soupçonnés de propager la Mort Rouge, maladie surnaturelle qui pénètre le sang et entraîne une mort rapide. Nicolas Eymerich, l'Inquisiteur d'Aragon, doit faire appel à ses facultés de déduction autant qu'à son intelligence politique pour pénétrer les arcanes de ce mystère.
Six siècles plus tard, aux Etats-Unis, le FBI infiltre le Ku Klux Klan car la terrible organisation est sur le point de déclencher sur le territoire de la Louisiane une épidémie véhiculée par le sang, ciblant exclusivement la population noire.
Tirée des romans éponymes de Valerio Evangelisti, cette série part du principe que les différentes époques de l’Histoire sont interdépendantes. Dès lors, des évènements survenus dans l’une ont des répercussions directes dans l’autre, ce qui a comme conséquence de produire une intrigue se déroulant sur plusieurs époques et parfois assez ardue à comprendre.
La retranscription de l’époque d’Eymerich est un sans-faute et un pur régal pour les amateurs d’intrigue historique. L’enquête que mène Eymerich ainsi que l’atmosphère de suspicion qui l’entoure sont du niveau des aventures d'un certain Guillaume de Baskerville dans le Nom de la Rose. Agrémentée d'une description adroite des relations houleuses entre l’Eglise et le pouvoir séculaire, l'histoire est d'autant plus intéressante qu'elle est centrée autour de la personnalité controversée de cet inquisiteur impitoyable.
Soudain, le rythme et la qualité du récit baissent lorsque survient un changement d'époque. Les auteurs semblent n’avoir pas eu assez de place pour traiter comme il le fallait cette seconde intrigue. En résulte donc une histoire bâclée, de peu d’intérêt et sans réelle valeur pour l’intrigue générale. Cette disgression par rapport à l'histoire de base gène finalement plus la lecture qu'elle ne l'enrichit : un comble alors que ce mélange d'époques est sensé être le point fort de la série.
Ce défaut n'en est que plus frustrant lorsque l'on voit que le dessin de David Sala est à la hauteur de l’intrigue médiévale. Par un habile jeu de couleurs et de pinceaux, il arrive à renforcer l’atmosphère pesante de cette époque sombre et brutale. Tout comme ses scénaristes, le dessinateur ne parvient pas à éviter les mêmes écueils lorsqu’il peint la région du Mississipi des années 50.
Alors que les enquêtes d’Eymerich auraient largement suffi à alimenter des intrigues de qualité, on se demande bien pourquoi les auteurs se sont encombrés de la partie « fantastique » des romans tant ils semblent mettre peu d’ardeur à la développer dans leurs albums.
Les auteurs ont-ils été dépassés par la richesses des romans ?
On ne peut se départir de cette impression désagréable qui gâche réellement la lecture et c’est bien dommage vu le talent révélé par la partie médiévale de leur série.
Excellent dyptique avec une intrigue très prenante et un suspense entretenu jusqu'à la fin. De plus le parallèle entre le passé et une époque plus contemporaine et également bienvenue et renforce l'intérêt de l'histoire. Du côté des personnages on ne peut pas dire que le personnage de l'inquisiteur Nicolas Eymerich soit vraiment sympatique, bien au contraire, mais le voir évoluer dans un monde sombre et violent le rend parfois moins cruel et horrible qu'il ne l'est au final. Bref voilà un excellent dyptique à ne pas manquer.
Je ne me souviens plus trop des deux premiers qui m'avait donné, pourtant, une très bonne impression notamment par l'ambiance moyen ageuse et SF et surtout les superbes dessins et couleurs de Sala. Mais rajoutez y dans ce nouveau tome une histoire sous forme d'enquête (façon "Le nom de la rose" en plus austère) vraiment passionnante en tout point et vous vous délecterez à lire cette bd en tout point somptueuse.