Le journal du lutin 1. Le journal du lutin par Victor

V ictor est un lutin, avec ce que ça suppose d’espièglerie. Pas un joyeux bambin qui vous regarde avec ses grands yeux pour éviter que vous lui refusiez ce dont il a envie. Non, Victor appartient plutôt à la catégorie des « sales gosses » qui lorsqu’ils ont une idée en tête, et bien, euh ne l’ont pas ailleurs si vous voyez ce que je veux dire. En 48 pages et une petite centaine de courtes séquences, ce journal relate ses exploits, de la catégorie de ceux dont on peut se vanter dans les cours de récré au moment du palmarès de la plus grosse bêtise. Parce que Victor, lui, de le faire, ben il est cap’…

Et un nouveau dans la collection Shampoing dirigée par Lewis Trondheim ! Il s'agit d'un recueil d’histoires publiées préalablement sur un blog (http://laviedulutin.over-blog.com/). Trondheim ? Blog ? OK. On arrête là pour cette fois, rien à voir, reléguons les hypothèses et les fantasmes au placard, cette fois pas d’ambiguïté. Allan Barte n’en est pas à son coup d’essai sur la toile puisqu’on peut trouver au moins quatre blogs, actifs ou anciens, présentant son petit monde et sa « vie presque vraie » (sic).

Bien et Victor dans tout ça ? Comment se passe son passage de l’écran au rythme de mise en ligne erratiques à celui d’album qu’on peut lire d’une traite ? La sentence vient rapidement : sympathique, entêtant comme un comptine de type "nanananère" mais peut mieux faire. Déjà en orthographe, il est nul. Ça peut amuser une demi-douzaine de pages mais rapidement, ça agace. Encore s’il jouait de la métaphore ou de lapsus, voire de l’invention de mots, on sourirait mais là, la lecture a tendance à devenir pénible. Rien d’autre. Suffit peut-être de savoir doser sa lecture et se limiter à deux ou trois pages à la fois. En dessin ? Ouais dans la peau d’un gosse de 8 ans, c’est convaincant, les personnages sont identifiables et la construction des strips est la plupart du temps efficace (1 « case »,2,3 et paf la 4ème pour la surprise !) et les chutes produisent leur effet. Animé, on gagnerait peut-être en efficacité.

Bon d’accord mais ses bêtises ? C’est là qu’on l’attend au tournant le p’tit, c’est là qu’il doit surprendre. Il aime embêter les filles, sa sœur (mais bon sa sœur est une fille, non ?) et les gamins avec des tronches de premiers de la classe à lunettes. Son « papé » raconte des histoires, ce qui lui vaut le statut de super héros répondant au pseudo de Mitoman. Sa « mamy » est atteinte d’un Zaïmeur et perd la boule, ça fait rigoler Victor de la voir se mettre dans des situations pas possibles. La honte, il s’en moque. Il a horreur des t-shirts verts, le cheval c’est pas si cool, et ce patapouf de Michel est toujours prêt à mettre un gnon aux plus petits que lui.

Ça fait beaucoup d’historiettes mais peu de choses à retenir au final. Rien d’équivalent en tout cas à la référence Calvin, tarte à la crème mais incontournable. Certaines situations sont bien observées (sa mère se livre-t-elle à un trafic de dents de lait ?) mais il n’y a pas de place pour un peu de poésie ou de tendresse. Lorsque Victor n’est pas le bourreau mais plutôt victime, difficile d’avoir envie de prendre sa défense. Il l’a cherché… C’est cohérent à défaut d’être séduisant. C’est – un peu – culotté cette manière d’aller jusqu’au bout de son parti-pris mais pas aussi « rafraichissant » que ce qu’on pouvait espérer. Auteur à suivre néanmoins.

Adulte on prendra un certain plaisir à découvrir certains gags si on ne les pas déjà aperçus sur le blog, enfant… euh joker ! D’ailleurs, personnellement, je n’ai pas très envie que les miens mettent le nez dedans pour le moment. Non pas par crainte de l’éventuel pouvoir subversif de la chose (on en est loin), plutôt parce que la forme n’est pas aisée. Ils devront continuer avec Le roi catastrophe, Petit Vampire ou la collection Capsule cosmique. Il y a pire comme punition…

Le blog : http://laviedulutin.over-blog.com/
Les autres blogs d’Allan Barte : http://www.allanbarte.com/blog/ ; http://dessine-et-gribouille.over-blog.com/ (auquel le précédent a succédé, vous suivez ?)