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ne fête somptueuse bat son plein dans la villa du sénateur Caius Quintus Arenus près d'Ostie lorsque s'approche un navire tout illuminé, plein de musique: il transporte Alix, entouré de nombreux compagnons, qui vient se joindre à la grande soirée. Mais bientôt, le banquet dégénère : Alix s'en prend vertement à son hôte, et soudain, donne le signal des hostilités. Toute l'assemblée est massacrée sur place, à l'exception de l'épouse du sénateur, Julia, qui parvient miraculeusement à s'enfuir...
Depuis quelques années, c’est toujours avec une grande appréhension que l’on attend la sortie du prochain Alix. En effet, depuis la relance de la série en 1996, Jacques Martin nous avait habitué à des albums assez pauvres tant du point de vue du dessin que de celui de l’intrigue.
Et c’est là que se situe la vraie bonne surprise. Roma, Roma renoue avec les albums de la première génération. Faisant furieusement penser à l’intrigue d’Alix l’Intrépide, ce nouveau numéro parvient de nouveau à offrir au lecteur une peinture admirable des dernières années de la République romaine. Décrivant adroitement les combats de rue que se livraient des bandes armées issues de la faction populaire (les populares), dirigée par César, ou de la faction aristocratique (les optimates), dirigée par Pompée, cette histoire a également la bonne idée de nous présenter un Alix plus humain, faisant la cour à la belle Lydia (voir Le Tombeau Etrusque), comptant sur son clan « familial » et acceptant son appartenance à la faction populaire (ainsi que les violences que ce choix entraîne). De plus, entourer Alix d'un vrai clan composé des diverses amitiés qu'il a noué durant ses aventures est une véritable bonne idée rendant notre héros historiquement et humainement plus crédible (le clan "familial" jouait un rôle social important à Rome).
Côté dessin, c’est toujours une certaine déception qui prédomine. En effet, les protagonistes déambulant dans Rome, l’intrigue donne à Morales l’occasion de dessiner des décors somptueux et détaillés, faisant rentrer le lecteur dans la vie de tous les jours de la Cité Eternelle. Néanmoins, le dessinateur peine toujours autant pour ses personnages, leurs mouvements et faciès étant parfois loin d’être aussi réalistes et détaillés que les décors.
Malgré ce bémol, Roma, Roma est un excellent numéro ne souffrant en aucun cas de la comparaison avec les premiers albums. Après une baisse de qualité conséquente, le vrai Jacques Martin est de retour. Les amateurs de bandes dessinées historiques ne peuvent que s’en réjouir.
J.Martin utilise un thème récurrent, celui de l'imposteur, mais force est d'admettre que celui-ci est bien intégré dans le contexte du conflit César / Pompée. L'intrigue se tient, même si les intrigant sont facilement loquaces et le "méchant" trop manichéen.
Dommage que Morales n'arrive pas à insuffler du dynamisme dans ses scènes d'action. A comparer cette couverture et celle du "Dernier spartiate"...
Jacques Martin nous ramène au coeur de Rome. Il y avait longtemps. Alix est accusé de meurtre et il se retrouve dans les arènes. Le scénario est digne de B.D policière à la Ric Hochet. Moralès offre un dessin statique mais il offre aussi une multitude de détails intéressants.
Martin nous offre ici un de ses meilleurs scénarios, digne de l'époque des légions perdues ou du Sceptre de Carthage ! Cet album a le souffle des tous grands Alix et personne ne s'en plaindra! A 84 ans, Martin réussit à nous bluffer. Chapeau!