T
heo Papoutsonoukadar, dit Le Grec, commissaire de police à Paris, est du genre dur à cuire. Intègre et indiscipliné, fidèle à des principes d’un autre âge, il est désigné pour une opération de nettoyage de la mafia des pays de l’Est. Cette mission en cache en fait une autre : démasquer un « Janus », une taupe au service de la pègre…
Un polar à la française, qui sent bon les années 70, avec des personnages forts, des dialogues soignés, et une intrigue intelligente... L'amateur de "série noire" en rêve, à force de n'être plus approvisionné que par des copies de séries américaines récentes, certaines brillantes mais forcément lassantes à la longue. La nouvelle série d’Al Coutelis, seul aux manettes pour une fois, est donc alléchante car elle semble occuper un créneau qui a repris des couleurs depuis l’excellent film 36, Quai des orfèvres.
Son univers graphique, qui évoque irrésistiblement celui de Gir dans les derniers Blueberry, fait merveille pour ce style d’ambiance. Même les couleurs s’en rapprochent, comme par exemple dans ces cases entièrement réalisées en nuances de bleu. Et au fond, les similitudes sont nombreuses entre le western et ce type de polar, où l’histoire repose sur des personnages durs et taciturnes, des enjeux simplifiés à l'extrême et des comportements manichéens.
Le dessin tient donc la route, les héros sont caricaturaux mais ça fait partie du folklore, les dialogues sonnent juste : truffés d’argot parisien et policier, ils sont parfois à la limite de l’explicite. Bref, le décor est planté et la mayonnaise n’a plus qu’à prendre. On brûle d’envie que ça marche et pourtant quelques grains de sable viennent gripper la mécanique. C’est d’abord une présentation longue et sans intérêt, suivie d’une intrigue carrément insignifiante, conclue par un final superflu : tout ça est juste prétexte à mettre en évidence le Dirty Harry local. Aucune enquête, pas de suspense, on aurait aimé autre chose que des voix off surabondantes pour rythmer un peu le récit. Et pour couronner le tout, une morale plus que discutable lors d'une exécution sommaire loin d’être indispensable au récit. Frustrant, mais dans l'ensemble, les ingrédients d'une bonne série policière demeurent réunis.
C’est donc une légère déception qui prédomine pour ce premier épisode, malgré des éléments intéressants. Maintenant que le héros est connu, une nouvelle aventure (prévue en deux parties, donc bénéficiant sans doute d'une intrigue plus consistante) pourrait inverser la tendance.
Poster un avis sur cet album