L
es conséquences d'un acte peuvent avoir des répercussions de nombreuses années plus tard, cette histoire débute au Kosovo en mars 1999 où Zoran Ludic assiste, impuissant, à l’enlèvement de sa sœur. Le temps s'est écoulé et en 2007 le jeune homme fait partie de la Poison, une brigade secrète mandatée pour enquêter et démanteler des réseaux de prostitution en Europe. Leur arme principale est Claire, une jeune et très talentueuse recrue de l’école de Police. Sa mission est de se faire passer pour une prostituée et d’infiltrer l’un de ces réseaux. Désormais, elle se fait appeler Clara et s’apprête à descendre en enfer, là où elle risque de perdre son âme si elle veut mener à bien sa mission ou tout simplement survivre.
Poison est une bande dessinée qui surprend par son récit novateur et par le traitement particulier réservé aux couleurs. Le trait de Laurent Astier est brut, nerveux, avec une certaine inconstance au niveau des personnages. Pourtant, son dessin en noir et blanc pourrait se suffire à lui-même, son talent s’exprimant avec force, tant au niveau des ombres que des décors. Les approximations des visages, une fois passée la surprise initiale, s’effacent très vite pour laisser la place aux ambiances souhaitées par l’auteur. L’album est découpé en séquences bien distinctes et chacune possède ses propres couleurs. Les bichromies utilisées sont adaptées aux différents temps forts du récit, ces dernières adoptant des nuances de plus en plus sombres au fur et à mesure que la jeune héroïne s'approche de la mission pour laquelle elle a été formée.
Ce n’est pas évident de raconter une histoire se déroulant dans le milieu de la prostitution en évitant les effets racoleurs qu'on pouvait forcément craindre de la part d'un média basé sur l'image. Poison a su éviter cet écueil en se plaçant dans ce premier tome du côté du point de vue de la Police, et se situe bien loin de Pour toi Sandra dessiné par Derib et traitant également de ce sujet mais avec un angélisme certain et une visée clairement pédagogique. Non, le récit de Laurent Astier est beaucoup plus profond, plus ancré dans cette triste et dure réalité. Ce tome 1 s’intéresse principalement au destin teinté d’héroïsme d’une jeune recrue de la Police, terminant pratiquement major de sa promotion et de l’étape qui suit pour préparer cette immersion en milieu hostile.
Immersion est un préambule à une histoire que l’on imagine très dense et très dure émotionnellement. Le petit aperçu de l’avenir où l’on voit la jeune Clara en situation, prisonnière visiblement de son personnage, donne à espérer une suite passionnante. Pour un premier tome, Dargaud a fait le pari d’un album en 96 pages, fait assez rare pour être noté, et elles ne sont pas de trop pour cet album très prometteur.
Une bonne intro avec un scénario qui se tient et des dessins pas en reste. Un petit bémol sur la colorisation même si j'ai fini par m'y faire. On est très vite aspiré par le récit, je me plonge dans la suite dés que possible !
Poison est un sombre roman noir sans concessions ni faux-semblants. Laurent Astier plonge le lecteur au coeur de la part d'ombre des grandes villes d'aujourd'hui. Le jeu des couleurs, succession d'aplats aux teintes primaires - du bleu, du jaune, du rouge - renforce le côté très cru du récit, servi par un trait aiguisé qui emprunte à la fois aux mangas et aux comics américains. Ces 94 planches se dévorent d'un trait, et Claire-Clara s'impose déjà comme une héroïne dont les motivations empreintes de mystère n'ont pas fini de titiller la curiosité du lecteur... (Source: Dossier de presse Dargaud)
Tel que si bien décrit dans le dossier de presse de la maison d'édition, ce polar noir se lit d'un trait, seulement il demande au lecteur effort pour s'habituer à la mise en couleurs quadrichromique avant de mordre à pleines dents dans l'histoire. Construit à la Quentin Tarantino, ce tome est découpé en plusieurs chapitres au fil temporel décousu, mais toutefois clairement indiqués, ce qui amène le lecteur à commencer par découvrir Clara dans son rôle actuel, avant d'effectuer un retour en arrière afin d'être témoins de ses débuts en tant que Claire.
En bref, ce tome est un album typique où il ne faut pas se fier aux apparences et l'aborder avec un esprit ouvert pour découvrir ce monde sombre et noir des ruelles de Lyon. Un polar à conseiller!