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eune japonais, Ryûsei Kogure flâne dans les rues de Paris, tour à tour mendiant ou rendant de menus services, toujours affamé et mal rasé, la plupart du temps entretenu par des femmes. Ses rencontres sont quelquefois heureuses, parfois malheureuses, souvent particulières.
Les tranches de vie défilent, les petites aventures se succèdent toutes plus fantaisistes les unes que les autres. C’est une mère qui demande à Ryûsei d’éliminer son fils, une concierge acerbe qui se mêle de tout, une artiste peintre en manque d’amour, un homo abandonné par son petit copain, une femme borgne qui un jour se baigna dans la Seine comme le héros.
La bohême est inscrite dans les pages de Corduroy et en est le véritable personnage. Car Ryûsei sans être foncièrement antipathique n’a guère de substance. Il se laisse vivre, entretenir, se goinfre quand il peut, déambule sans but le reste du temps. Il ennuie. On s’interroge même sur l’attirance qu’ont pour lui les êtres qu’il rencontre. Il ressemble à un chien vagabond, tantôt cajolé, tantôt rejeté. Les autres intervenants ne sont guère plus attachants ni touchants sauf peut-être ce couple de Japonais séjournant dans la capitale française avant de se séparer pour toujours, ou cet enfant qui veut enterrer son chien mort.
Si la narration décousue peut se comprendre, le graphisme de Yamada Naito (A l’ouest de Tokyo, Beautiful World) lasse rapidement. Le trait épais, presque grossier, rappelle le négligé de son héros Ryûsei. Les décors sont du même acabit : absents ou tout juste entrevus. L’action se déroule à Paris mais on ne voit guère la capitale en dehors d’un morceau de rue par-ci et d’une bouche de métro par-là. Les cadrages façon "caméra sur l'épaule" finissent par exaspérer quand les gros plans s'attardent sur une moitié de dos, le canon d'un révolver, une poche de jean.
Difficile d’apprécier ce manga. Son propos erratique peut séduire si on garde constamment à l’esprit qu’il s’agit d’une promenade bohême mais l’impression de vide risque de l’emporter au fil des pages parce qu’on n’y trouvera rien pour alimenter notre imagination.
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