B
ilou, Space Bob, Huizilo-Pochtli,... Autant de pseudonymes pour désigner un seul et même être venu du ciel : le Bonheur. Depuis son arrivée sur terre en 2029, cet extra-terrestre est convoité par tous ceux qui l'ont approché. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il sécrète un gaz qui rend heureux ! A son contact, finis les petits soucis, on voit la vie en rose. Pour Sév et Toff, c'est le meilleur moyen de faire renaître la ville de Marseille qui ressemble depuis trop longtemps à un champ de ruine, mais pour d'autres c'est une occasion toute trouvée de gagner de l'argent ou de dominer le monde. Mais d'où vient cet être aux facultés si extraordinaires ? Comment et pourquoi est-il venu ? Mais surtout, les réactions d'un homme heureux sont-elles prédictibles et toujours bénéfiques pour son entourage ?
On ne compte plus les séries de science-fiction ou d'anticipation en BD mais rares sont celles présentant un sujet aussi original et alléchant. L'idée d'une drogue permettant d'accéder au bonheur est excellente et la multitude de protagonistes est propice au développement d'une intrigue fouillée, rythmée, aux nombreux rebondissements. Par ailleurs, Jean David Morvan est un fervent amateur de BD asiatiques et il multiplie les projets dans lesquels il tente de faire cohabiter les écoles nippone et franco-belge (Nomad, puis La Mandiguerre, Meka ou Le petit monde). Pas étonnant alors de lire une histoire des plus tarabiscotées qui part dans tous les sens, entretenant une ambiance burlesque et démesurée propre à de nombreux mangas. A tel point que le tout devient excessif et difficile à suivre. Faute d'une pagination adéquate, les auteurs doivent aller à l'essentiel, sans perdre de temps mais surtout de place, et ce souvent au détriment de la compréhension et de la fluidité du récit. En revanche, l'intrigue est prenante et soulève des questions intéressantes sur la place du bonheur dans notre société. On attend donc la suite qui devrait être riche en rebondissements avec l'entrée en lice d'autres extra-terrestres.
Dans ce genre de récit très dense et rythmé, le dessin a une importance capitale et doit faciliter la lecture. Ce n'est malheureusement pas le cas ici malgré le style généreux et agréable de Steven Lejeune, dont l'influence manga est très appropriée. Si pour sa première série, il est tout à fait compréhensible que son trait soit par moment hésitant ou irrégulier, on le sent surtout en manque de place compte tenu des angles de vue et mises en pages souvent sophistiqués. Les nombreuses scènes d'action décrites sur quelques cases, que ce soient des combats ou des poursuites, ne sont pas toujours évidentes à comprendre, et la multitude de personnages n'est pas là pour arranger les choses. Sans compter que le changement de coloriste qui nous est imposé à chaque tome n'arrange rien, même si le travail de Walter sur ce troisième album ne souffre aucun reproche.
Les allergiques aux mangas regretteront sûrement qu'une idée si intéressante n'ait pas fait l'objet d'un traitement plus classique. D'autres déploreront ce format européen trop contraignant. Dommage, mais on ne manquera tout de même pas de lire la conclusion dans le prochain tome.
Encore un tome completement dejanté, mais tout aussi bon que les autres, des flashbacks sont là pour nous eclairé sur les liens que Bilou a avec tout le monde. Le decoupage rend l'histoire vraiment dynamique, les dessins sont toujours aussi bon et l'histoire toujours aussi sympa. Une serie delirante.