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oût 2001, New-York. Alack Sinner a arrêté de fumer et rouvert son agence de détective. Sa fille Cheryl attend un bébé. Le tableau aurait pu être idyllique si Jill Oates, l'amie de Frankie les yeux bleus, n'avait pas fait son come-back. Voilà Sinner embarqué dans une sale affaire, mêlant terrorisme et maffia.
L'Affaire USA commence comme un polar classique mais efficace, possédant tous les ingrédients rudimentaires du genre : une femme se sent menacée et engage Sinner pour mener son enquête et fouiller dans son passé ; une autre a besoin d'un garde du corps pour son fils et se tourne vers le même détective privé. Les deux affaires vont bien sûr finir par se rejoindre, le tout dans une ambiance délicieusement sombre. Le plaisir est là, malgré une voix off un peu trop présente qui finit par lasser et des enchaînements de scènes pas toujours faciles à suivre. Et puis soudain, l'intrigue s'enflamme, Carlos Sampayo semblant pressé de donner un sens au récit et de le conclure. Comme un cheveu sur la soupe, il mêle son histoire aux attentats du 11 septembre et se lance dans des explications tarabiscotées et confuses pour lesquelles il est difficile de se passionner.
A l'image de son scénariste, José Muñoz semble en manque d'inspiration. Son trait est très inégal, pas assez appuyé et les scènes sont trop souvent confuses. La lecture en devient fastidieuse, voire pénible. Heureusement, certaines cases avec de grands aplats noirs, caractéristiques du style de l'auteur, offrent régulièrement l'occasion de se délecter.
Alack Sinner n'aura pas fait un retour concluant. Une nouvelle preuve qu'il ne suffit pas de parler d'événements graves pour qu'un album soit réussi. A réserver aux fans des auteurs.
Bien qu’il n’atteigne pas les niveaux des albums des années 1970 et 1980, L'AFFAIRE USA est une histoire splendide, pleine de cynisme et d’anti-américanisme (ainsi que d’un peu de théorie du complot autour du 11 septembre !), mais aussi de scènes émouvantes, comme les retrouvailles entre Alack et son vieil "ami" (?) Nick (à noter la belle case dans laquelle, bien que vieux et peu habitués aux nouvelles technologies, ils essaient d’utiliser un ordinateur), ou la séquence où Joe annonce qu’il a vendu son bar mythique (!).
Une fin à la hauteur de la série... sauf que ce n’est pas une fin : l’épilogue d’Alack Sinner est contenu dans le portfolio - indispensable et merveilleux - de Barbier et Mathon, ALACK.