P
aris, au début du XXème siècle, le Ministre de l'Intérieur (Emile Combes ?) vocifère contre le Préfet de Police : les disparitions se multiplient à Jauques et les autorités locales ne semblent pas faire grand-chose pour que cela cesse. Eleuthère Sombre et la troupe du Cirque aléatoire se rendent sur les lieux.
Passé le choc Kuklos du printemps 2003, on attendait le nouvel album du duo Ricard/Gaultier avec curiosité et envie. D'autant plus qu'après deux one shot bruts peuplés d'anti-héros, il s'agit du 1er tome d'une série au ton plus léger.
Attente récompensée avec l'introduction très réussie qui met en parallèle un Ministre et une porte qui sortent tout à tour de leurs gonds : au temps du muet, on évolue dans le burlesque, quoi de plus logique ? Ce clin d'oeil est confirmé par la suite avec une chute de vélo tout droit sortie du générique d'"Histoires sans paroles ».
L'idée d'employer une troupe de cirque comme équipe d'intervention sur des affaires non classées est une idée riche qui ouvre des perspectives prometteuses en terme de facéties et de personnages (à n'en pas douter, il y a d'autres Freaks à découvrir dans ce long cortège de roulottes).
Pourtant, l'équipe en question n'est pas composée d'Auguste et les pitreries ne sont pas de rigueur dans ce premier tome. Les occasions de rires sont rares dans ce village provençal il est vrai déserté et privé de rires d'enfants. Seuls les exploits transformistes d'Eleuthère et sa reprise du « pfffuiit » local, ou encore le « charmant » légiste adepte de la reconstitution immédiate du crime sur rat de laboratoire (détail savoureux quand on connaît la profession du scénariste), prêtent véritablement à sourire
Pour le reste, on reste en terrain connu avec les réunions nocturnes et les rites païens orchestrés par des notables ayant la main mise sur la région. Tout comme on retrouve, sans trop d'enthousiasme, d'abondants et répétitifs flots d'hémoglobine.
Le traitement de l'enquête, dans laquelle le lecteur regrettera peut-être d'être un peu passif tant les indices paraissent bien cachés, est, au final, assez conventionnel. C'est essentiellement la belle galerie de portraits qu'on apprécie dans cet album.
Dans son style qui le rend immédiatement identifiable, le dessin de Christophe Gaultier est souvent magnifique (intrigante couverture, planches présentant Paris, l'Eglise de Jauques, un caveau notamment / 1-12-45 pour les puristes). Cependant, quelques planches sont déroutantes, le fort contraste entre les cases d'une même page laissant parfois une curieuse sensation (20-28-42).
Ces quelques réserves exprimées et ces personnages hauts en couleurs désormais connus, la deuxième enquête est attendue de pied ferme. En espérant, que le personnage d'Hyphigénia, énigmatique et callipyge femme à barbe, y tiendra une place de choix.
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