D
ans la poche d’une veste achetée au Puces, Michel Canard trouve une boîte de pilules. Elles n’ont aucune vertu médicinale, non, elles modifient le regard des autres sur celui qui les ingère. Pour une durée variable, Michel Canard l’anonyme devient le célèbre Mikael Kanard. La célébrité a ses avantages mais elle se paie également.
Trondheim, l’indispensable devenu plus rare, aux manettes sur un sujet propice à l’épanouissement de son œil acerbe. La découverte d’un dessinateur jusqu’alors inconnu dans nos contrées. Un titre de plus dans la collection Poisson pilote dont, fut un temps, on achetait toutes les nouveautés les yeux fermés. Autant de signes qui avaient aiguisés l’envie de découvrir cet album. Pour une vraie déception à l’arrivée.
Un soupçon de lampe magique, une touche d’hypnose, une fragrance de boîte de Pandore, le tout mâtiné de critique des faux-semblants et de la fascination pour les « people », il y avait de quoi concocter une petite fable moderne digne d’intérêt. C’est d’ailleurs l’impression qui se dégage des premières pages. Et puis rapidement on tourne en rond. En étant clément on misera sur un exercice de variations autour de situations comparables, plus sévère on parlera de répétition sans ressort comique à la clé. Sans compter ce découpage heurté des scènes dont on ne cherche pas à savoir s’il est dû à une méthode de travail ou d’écriture au fil de l’eau. Ou encore à une volonté de boucler des gags en une ou deux planches tout en conservant un semblant de progression dans le récit. L’impression d’un rythme saccadé rend, à tout le moins, la lecture assez pénible. De fable, il n’est plus question à partir de la planche 17 où l’impression de se laisser aller à un franc délire, tutoyant la surenchère dans le registre « portnawak », prédomine.
Le dessin est à l’unisson, ce qui n’est pas la moindre de ses qualités. On nous dit qu’ « il est superbe et s’accorde parfaitement à l’ambiance, dans le genre déglingué, faussement "crade" et vraiment virtuose ». Dont acte. Après être passé à côté de l’histoire, il est possible de dire qu’on en a fait autant avec le dessin. Mais pas au point de rougir en préférant garder le seul souvenir des pages de garde, avec leurs pas dans la neige et leurs poissons morts.
Bon allez, moi, je vais aller reprendre mes cachets…
À une époque où énormément de gens aimeraient profiter d'une notoriété instantanée et vivre une vie en grandes pompes à l'image des grandes vedettes du cinéma, les auteurs Lewis Trondheim et Ville Ranta élaborent une histoire où le protagoniste n'a qu'à avaler une petite pilule rose afin de se retrouver soudainement parmi les personnalités les plus convoitées de la ville.
Bien que le concept initial de l'histoire ait une saveur plutôt invitante, le développement du sujet en mode narratif aux textes infantiles, écrits d'une main instable et surmontant des dessins élaborés en vitesse, fait rapidement perdre l'intérêt envers l'album au lecteur. En effet, contrairement au travail de certains autres dessinateurs, dont les titres sont publiés au catalogue de la collection Poisson Pilote de Dargaud, qui préconisent un style de dessin naïf au profit d'un scénario solide et touchant, cet album n'offre pas cette qualité de scénario et n'est pas mieux défendu par son côté graphique.
En bref, un One-Shot pas terrible qui ne suscite que peu d'intérêt, si ce n'est que pour les mordus de Trondheim.
L'idée de départ du scénario de cette bd est excellente et surtout originale : que feriez-vous faire si vous récupériez des pillules qui rendent célèbres ?
Malheureusement j'ai eu l'impression que ce sujet avait été confié à deux adolescents (pour ne pas dire enfants). Le résultat final est donc assez médiocre et décevant. Tout d'abord, les auteurs se croient obligés de nous mettre une ou deux phrases explicatives à chaque case avec un style littéraire proche de celui d'un collégien de 6ème. Ensuite, le dessin est particulièrement peu soigné : j'ai particulièrement détesté le nez "à 3 pointes" du héros ce cette histoire. Les lettres des bulles et des commentaires ont dûs être écrits par quelqu'un victime de Parkinson, ce qui rend l'album souvent déplaisant à lire. Enfin, le coloriage est souvent bâclé (beaucoup de petites tâches blanches apparaissent), ce qui n'arrange rien.
Alors, me direz-vous, tout est à jeter? Et bien, pas vraiment... Car on se laisse prendre à cette histoire originale où transparait parfois une critique acerbe des "people", de la téléréalité et de la starification à outrance. Et enfin, une fin originale à la toute dernière case.
Bref, une excellente idée de départ qui aurait pu donner un petit chef-d'oeuvre mais qui a été hélas gachée par une écriture et des dessins bien trop bâclés.