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rojet sorti de nulle part et d’abord auto-édité, Hedra avait tapé dans l’œil d’Image Comics qui l’avait publié en 2020. Ce récit de science-fiction muet aux frontières de la BD expérimentale a ensuite fait son petit bonhomme de chemin pour atterrir cinq ans plus tard aux Humanoïdes Associés. Destination finalement logique, tant l’ouvrage reprend les fondamentaux de la maison d’édition fondée par Moebius, Druillet et quelques autres explorateurs des mondes infinis.
Depuis les heures de gloire de Métal Hurlant, plusieurs auteurs pas moins importants, comme Chris Ware, par exemple, sont passés par là. En bon padawan, Jesse Lonergan a bien retenu la leçon et propose avec Hedra un voyage sidéral, à travers le cosmos et le Neuvième Art. Peu importe que vous soyez plus Flash Gordon que Philémon ou préfériez Stanley Kubrick à Georges Lucas, l’épopée de cette astronaute vous happera et vous parlera. Résultat et émotions garanties.
La narration étant dénuée de mots, les informations passent uniquement par l’image et le découpage. Le dessinateur a développé tout un langage visuel à la fois déconstruit et limpide. Planche-monde, illustrations mosaïques, actions qui traversent les pages et les cases, tout est bon pour faire avancer l’histoire. Car, oui, il s’agit bien d’une espèce de space opera à un seul personnage (plus quelques humanoïdes chafouins). L’héroïne explore l’ether, avant de se retrouver sur des terres étrangement familières. Fable post-apocalyptique façon Planète des Singes ou scénario boîte de Pandore annonciateur de malheurs à venir ? Comme pour la forme, tout est ouvert et laissé au bon plaisir du lecteur.
Album OVNI comme l’ont été L'Orfèvre d'Aurélien Lozès, Les Pigments Sauvages d’Axel Chauvel ou Longue Vie de Stanislas Mousse, Hedra devrait séduire tous les amoureux de science-fiction, ainsi que les amateurs de bande dessinée avant-gardiste. À découvrir d’urgence.
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