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La main du Diable 1. La main du Diable

21/03/2025 316 visiteurs 6.0/10 (1 note)

U n bon romancier ne dit jamais non à une anecdote originale. Celle que Charles Dawson partage avec Robert Louis Stevenson sur le pont d’un navire quelque part sur le Pacifique mériterait à elle seule un roman entier. Elle finira sous la forme d’une nouvelle. Passée cette introduction en guise de mise en abîme, la table est posée pour une étrange histoire de relique diabolique, de souhaits exaucés et, évidemment, de malédiction dans les petits caractères du contrat…

Les vétérans Rodolphe et Griffo reprennent à leur compte Le Diable dans la bouteille (paru en 1891) et proposent une très belle adaptation BD de ce conte aux racines anciennes. La peau de chagrin (Balzac), La damnation de Faust (Goethe),Spiritus familiaris (légende allemande colligée par les frères Grimm), voire le génie des Milles et Une Nuit, l’idée de passer un accord avec une entité magique ou maléfique en échange de la richesse et du bonheur est un fantasme qui a traversé les âges et les sociétés depuis toujours.

Le concept est simple : une fois achetée, le possesseur de la main du diable voit tous ses désirs réalisés. Attention, s’il meurt en étant le propriétaire de l’artefact, il finira en Enfer. Pour éviter ce sort peu enviable, il peut revendre l’objet à tout instant, mais seulement à un prix inférieur à celui qu’il a originellement payé. Combien faut-il offrir ? Combien de temps le garder avant de s’en séparer ? Et, plus largement, le prix et le risque en valent-ils la chandelle ?

Lecture fluide, admirable reconstitution graphique habillée de couleurs lumineuses, l’album se dévore facilement et avec un grand plaisir. Le tour de force est d’autant plus remarquable en prenant compte du côté anxiogène sous-jacent. À ce propos, les affres psychologiques et le stress que traversent les personnages se montrent parfaitement «joués» et mis en scène . En résumé : une agréable BD classique au service d’un classique intemporel, La main du diable ne déçoit pas.

Par A. Perroud
Moyenne des chroniqueurs
6.0

Informations sur l'album

La main du Diable
1. La main du Diable

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    ALICECOOPER Le 08/03/2025 à 15:57:21

    Comme j’ai promis à la responsable du rayon BD de mon libraire, personne que j’apprécie tout particulièrement, d’apporter mon commentaire à cette bande dessinée, je vais donc m’efforcer de décrire mon ressenti ou mes impressions sur ce volume, avec plus d’entrain et de profondeur je l’espère, en comparaison d’autres albums que j’ai déjà commentés. Je ne suis pas chroniqueur mais uniquement un professionnel du chiffre donc mon français est loin de mes propres aspirations. (Pour elle : N’oubliez pas le commentaire de DRUUNA tome 3 de SERPIERI et entre nous encore FRONTIER bd de laquelle nous avions parlé à la boutique et pour bd.otaku : au cas où vous tombez sur ce paragraphe, relisez le commentaire de SQUAW Tome 1)

    Pour ceux qui ne connaissent pas cette merveilleuse nouvelle du roman fantastique, et qui apprécient ce type de roman, ne passez pas à côté de la « Main Enchantée » de Gérard de Nerval, dont la description de la place Dauphine à Paris et de l’impunité du commerce d’antan, toujours d’actualité, et surtout sa sublime manière d’écrire, m’ont laissé un souvenir mémorable ou plutôt une marque indélébile et sublime dans la mémoire. Et comme le disait Charles Baudelaire : le commerce est un poison ou encore si je ne me trompe pas : à quoi sert la conquête du monde si dans cette entreprise tu perds ton âme ? Ce qui est exactement adapté à chacune de ces deux œuvres. De plus, je dois l’avoir déjà lue au moins quatre fois. Il est l'un de mes auteurs préférés. D'un point de vue fantastique, cette « Main du Diable » est très symétrique à la « Main Enchantée », même si le seul dénominateur commun est la main et peut-être aussi, quelque part « entre les ombres », le diable ou le maléfice, comme on voudra. La première réalise tous les vœux, la deuxième quant à elle, n’ouvre que les serrures mais cette dernière est une main séchée, coupée à un pendu et transformée en chandelier et je dirais même quelque peu investie d’une sorte de vie autonome, tout au moins dans la nouvelle. Mais toutes les deux conduisent inexorablement à une fin des plus sombres.

    On remarquera dans cet album que la main ressemble à une main en bois avec des phalanges articulées un peu comme celles qu’utilisent les dessinateurs lorsqu’ils travaillent sur la main (case 1 page 38). Ce détail m’a un peu déçu surtout que je lisais une bande dessinée dont l’un des auteurs est un dessinateur. Peut-être était-ce voulu. Chez Gérard De Nerval, il s’agit d’une main humaine, ce qui fait tout de suite un effet des plus effroyable. On peut déjà faire l’amalgame entre main en bois et jambe de bois, comme nous le verrons en fin d’album et dont la fin est certainement à nouveau, le commencement. On pourrait dire que cette main n’est que retournée à son propriétaire maudit initial « Le Capitaine Pirate » car on verra également qu’étrangement, le trou de la partie tronquée de la main possède sa propre correspondance sur le moignon du Capitaine. Ensuite si j’ai cité la jambe de bois, ce n’est pas parce que le capitaine en fin d’album a une jambe de bois, mais c’est parce que c’est une image qui ramène nos pensées directement à un capitaine pirate même si, à l’intérieur de l’album, on ne verra jamais ses jambes, qu’il en ait une en bois ou pas, c’était uniquement pour faire cette jonction ou cet amalgame. C’est ce qui aurait pu faire de cet album un chef d’œuvre. Mais il manquait un quelque chose, je ne sais pas… une âme, une essence, une consistance ou encore un déroulé plus détaillé, un texte plus profond et plus recherché, beaucoup plus de noirceur, enfin une BD plus longue. Elle méritait, de plus, une fin plus percutante et un certain recommencement. Il manquait peu pour réaliser la BD de l'année. Je suis un inconditionnel du roman fantastique. Je vous invite à découvrir Angel Heart, de William Hjortsberg et adapté au cinéma par Alan Parker en 1987, plus noir je n'ai pas encore trouvé.

    Le dessin, il faut le reconnaître, est délicieux, agréable (trop agréable). La lecture, et donc le plaisir, ont été de courte durée et c’est très dommage. Cette bande dessinée, bien que le petit chapitre introductif était un plus, s’est lue beaucoup trop vite. Les textes, bien qu’efficaces sont bien trop courts. Mais par là, et pour sa qualité, ça traduit quelque part que ce projet était réussi, que c’est une très honorable BD et que le plaisir y était, j’ai passé un très beau moment. Et toutes les bonnes choses ont une fin. Toutefois je trouve qu’elle n’a rien de transcendant. C’est mon nouvel adjectif pour décrire la perle rare. Le côté ténébreux ou plutôt noir, est complètement absent, ça manque vraiment de profondeur. C’est trop léger, ça manque de consistance malgré un scénario fort ingénieux consistant à revendre le bien de moins en moins cher telle une « Peau de Chagrin » jusqu’à en être damné. Il y a un effort de colorisation mais trop insuffisant. Le dessin est des plus exquis mais certaines cases sont trop vides ou laissent au lecteur un effet translucide, en ce qui me concerne. Nombreuses sont celles sans arrière-plans et quelques unes sont presque bâclées selon moi. Pour l’exemple les auteurs auraient pu mettre les deux personnages sur le pont de la première case de la page 3 et de la dernière case de la page 4. La dernière case de la page 6 est très inaboutie, le dessin très imprécis, non terminé et comme dit je dirais presque bâclée. Il y en d’autres tout au long de l’album. La couverture elle-même me pose un problème. On la retrouve à l’intérieur du volume à la page 23. On pourra me dire ce qu’on voudra, certes ce n’est pas exactement la même, mais la zone du cimetière est incontestablement la même et si on compare un peu le petit caveau sur la droite de notre héros, on verra que le décor de la grille en fer forgé sur la façade, n’est pas le même que celui présent sur la couverture. De plus et c’est assez drôle, sur cette couverture notre héros a la main dans le paquet (petit jeu de mots). Pourquoi sa bien-aimée a voulu avoir la main ou la faire racheter par un clochard, reste pour moi un point obscur.

    En résumé, je pense avoir tout dit sur cet album. Je n’ai pas été totalement emballé mais c’est malgré tout une très appréciable bande dessinée et j’ai passé un très beau moment de lecture avec dans ma platine ce fantastique album de Wormwood intitulé « The Star » (pour les amateurs de doom métal). Tout grand amateur d'œuvres que je suis, cette BD ne fera pas partie de mes pièces maîtresses ou mémorables mais pour tous ceux qui aiment un peu le fantastique mais pas trop noir, ce tome est fait pour vous. A acheter sans l’ombre d’une hésitation et bonne lecture à tous.

    addrr Le 05/03/2025 à 23:49:42

    Belle lecture, prenante, trop rapide néanmoins et plutôt classique. Griffo assure toujours côté dessins !