Louve 1. Tome 1

U r, un jeune berger bourru, et Urf, sa sœur, forment un tandem plutôt banal, si ce n’était que la frangine est un loup. Ils mènent une vie tranquille, dans les hauteurs du mont Gémissant, loin du village. Des rumeurs courent toutefois sur la présence d’un canidé géant rôdant dans les montagnes que certains disent hantées. Parfois, des randonneurs se rendent jusqu’à leur ferme, puis il arrive que le duo s’aventure au village pour y faire ses emplettes. Comme quoi l’autarcie demeure une utopie.

Miyako Miiya (Contes fabuleux de la nuit) signe le premier tome d’un diptyque sur le vivre-ensemble. Louve adopte la forme d’une série de rencontres prenant l'aspect de courtes leçons sur l’acceptation. Les interactions se montrent d’un intérêt inégal. Certaines apparaissent touchantes, par exemple celle avec un boulanger lui aussi victime de son physique disgracieux ou encore l’enfant sauvée par la bête à laquelle tous ne prêtent que de mauvaises intentions. D’autres sont plus banales.

Le propos se veut fondamentalement mignon, mais finit par être redondant. Il n’y a pas de progression et de fil conducteur entre les neuf épisodes. Les segments pourraient même être lus dans le désordre, sans que la cohérence de la narration soit compromise.

Autrice complète, la bédéiste présente des décors rares et des personnages simples, lesquels sont néanmoins charismatiques. Le garçon affiche un air redoutable et gare à ceux tentés de chercher noise à sa sœur qui fait pourtant trois ou quatre fois sa taille. Le communiqué de presse évoque « Une mise en scène graphique rappelant les gravures de Gustave Doré »… voilà une comparaison bien audacieuse.

L’artiste s’amuse à jouer avec les formes de ses cartouches narratifs (encadrés d’un trait gras et hésitant) et phylactères (coins anguleux ou arrondis, polygones prenant leurs aises sur deux cases ou étoilées pour illustrer la colère). Bien qu’ils dynamisent la construction des planches, la logique de ces figures n’est pas vraiment claire.

Un petit manga gentil, susceptible de plaire aux gamins âgés d’une dizaine d’années.