H
enry, Rachel, Moses et Tobey sont les pantins d'un même jeu machiavélique. Ils ne se connaissent pas. Pourtant, chacun est en mesure de gagner 1 million de dollars s'il tue l'un des trois autres. Fatalement, leurs routes finissent par se croiser pour leur plus grand malheur. Rachel est laissée pour morte, Henry est toujours traqué pour ses énormes dettes, tandis que Todey devient fou. De son côté, Moses s'est remis à boire. Les jeux sont faits, plus possible de faire marche arrière. L'issue sera forcément dramatique.
Le troisième épisode d'une série en comptant quatre est peut-être le plus difficile à écrire : les présentations sont terminées, nous sommes au cœur de l'intrigue et tout doit maintenant être mis en place pour un final que l'on espère détonant. Dans le cas présent, le premier tome d'Enchaînés avait très nettement marqué les esprits, offrant une remarquable entrée en matière digne des meilleurs thrillers. La suite fut moins généreuse en suspens, l'action suivant son cours de façon efficace mais sans réelles surprises. Avec Le diviseur, Joël Callède reprend le lecteur à la gorge, offrant un récit très rythmé et haletant. S'appuyant sur une narration menée de mains de maître, les destins des différents protagonistes se rapprochent, souvent à travers des personnages secondaires judicieusement mis en scène. En particulier, Moses, jusqu'à présent plutôt à l'écart, et indirectement sa fille, jouent un rôle central dans ce nouvel épisode. Pour notre plus grand plaisir, l'histoire progresse à grandes enjambées, sans pour autant que de quelconques indices puissent nous laisser présager de la conclusion à venir. Une des rares supputations possibles est d'imaginer Pamela Jenkins des produits de beauté Whisper's, qui multiplie les interventions anodines depuis le début, prendre un rôle plus important.
Si la narration est si fluide, on le doit aussi beaucoup à Gihef, grâce à ses dessins aux découpages et angles de vues très cinématographiques. Il semble se régaler à mettre en image des scènes d'actions dans les rues de Los Angeles. Son trait s'est d'ailleurs affirmé, seuls quelques visages restent encore à parfaire, surtout quand ils sont vus de trois-quarts.
Il est rare de lire en BD des thrillers atteignant une telle efficacité. Après ces trois tomes parfaitement réussis, on bouillonne d'impatience à l'idée d'attendre septembre pour une conclusion qu'on ne peut pas imaginer un ton en dessous.
Toujours un excellent polar.
Histoire croisée de 4 destins d'homme et de femme paumés.
Finalement seuls les dessins paraissent un peu soft.
8/10.
Diviser pour mieux régner, comme si tout ramenait à une histoire de pouvoir dépassant la plupart des protagonistes, une histoire dont on ignore les motivations premières, si ce n'est une sorte de jeu. Comment peut-on s'amuser autant devant un tel déploiement de dilemnes, de souffrance et d'agonie? Plus que jamais la question se pose et c'est pourquoi la tension est ici à son comble, une tension nourrie de contrastes, contrastes qui opposent violemment le détachement de la cruauté au flot des larmes et du sang versé dont on ne sait plus très bien par qui, pour qui, pourquoi, au nom de quel prétexte ou de quelle mauvaise bonne raison. On sait juste que la machine est lancée et qu'il est trop tard. C'est bientôt l'explosion, c'est déjà l'explosion. Les hallucinations sont tenaces mais la confusion plus forte encore. Les échos meurtris du champ de bataille qui se vide appelent déjà le soulagement. L'homme est un terroriste pour l'homme, surtout avec un couteau sous la gorge.
De mieux en mieux. ET quel cliffhanger !!!!!!!!!!!!