aciæ z79

E urope centrale, durant le Grand Siècle ou un peu plus tard. Gentilhomme, Flavius mène la vie classique des personnes bien nées de son époque. Après avoir laissé sa fille Marta aux bons soins de son frère, il quitte sa campagne et monte à la cour. Rapidement las et perdu par les intrigues de salon, il accepte une position outre-mer, pour la gloire de l’Empire. Pendant ce temps, Marta profite de la générosité et l’humanisme de son oncle et s’instruit. Pourra-t-elle échapper au sort traditionnellement réservé aux jeunes femmes de son temps ? Son père pourra-t-il revenir de son exil pour la retrouver, voire la sauver ? Les oracles auront également leur mot à dire dans ce jeu de l’amour et du hasard 2.0.

Auteur à l’univers hors norme, EMG développe depuis une quinzaine d’année une œuvre sans nulle pareille. Dessins géométriques 3D réduisant la réalité à des volumes primaires et déconstruction continuelle de la narration font de ses albums aux titres énigmatiques (grandes kitty z97, volt évier z82, tremblez enfance Z46) des expériences de lectures immensément surprenantes. Recherche pure baignée dans une ambiance «OuBaPo», aciae Z79 demeure néanmoins une histoire totalement cohérente et des plus agréables à suivre. Évidemment, si le jeu en vaut largement la chandelle, il demande un minimum d’attention pour se faire apprécier à la hauteur de ses qualités.

Pagination volontairement déconcertante et planches insidieusement à double fond (et sens), le développement narratif n’arrête pas de filer à gauche et à droite. Le bédéphile suit-il les questionnements de l’artiste dans la composition de son scénario ou les pensées des personnages ? Le narrateur n’anticipe-t-il pas un peu trop sur les évènements ? Et que viennent faire ces propos sur les fourmis au milieu de tout ça ? Oui, le résultat s’avère étrange, pas comme d’habitude. Ce n’est pas souvent que le lecteur est autant mis à l’ouvrage dans son passe-temps favori !

Vivant, tellement vivant, pratiquement autonome, aciae Z79 est différent, indéniablement. C’est surtout une preuve des possibilités infinies du Neuvième art et, plus prosaïquement, un excellent récit historique mêlant des considérations contemporaines au romanesque pur.