La quête 2. La zad du roi pêcheur

T andis que Pellinor et Nimué hésitent quant au chemin à suivre pour mener à bien leur recherche, ils sont attaqués par des personnes cagoulées au volant de 4x4. Face à l'urgence et à leur manque de moyens, le duo se réfugie chez le père de l’adolescent. Celui-la même qui a refusé de mener la quête, des années auparavant. Cette situation rend tendus les échanges et n'aide pas vraiment Pelli à savoir quoi faire.

En février 2024, lorsque que débarque sur les étals des libraires le premier tome de La Quête, nombreux sont ceux qui s'attendent à une énième resucée sans saveur de la légende du Roi Arthur. C'était sans compter sur l'énergie d'un dessinateur - à l'origine du projet - et le talent d'un scénariste qui a fait ses preuves. Le premier s'est fait connaitre grâce notamment à sa série Yasmina (Dargaud). Le second est derrière des succès tels que Anuki (dessins de Stéphane Sénégas, aux éditions de la Gouttière), SuperS (avec Dawid) ou encore Sixtine (avec Aude Soleilhac). Ensemble ils proposent donc une relecture surprenante du mythe breton et offre une histoire, à première vue, déjantée.

À première vue seulement car cette réinterprétation n'est pas une simple aventure farfelue, dans les pas d'un adolescent face à un destin qu'il n'a pas choisi. Les auteurs, qui s'inspirent de La Quête du Roi Arthur de T. H. White (les romans adaptés par Disney pour créer Merlin l’enchanteur), brossent aussi, en filigrane, le portrait d'une jeunesse qui ne sait pas trop de quoi sera fait son avenir. En plus d'embrasser des thèmes qui lui sont chers - la famille, la relation aux parents et notamment au père -, Frédéric Maupomé aborde des thèmes contemporains comme le rapport à l'environnement (avec la déforestation, la pollution ou l'émergence des ZAD).

Tout cela se fait sans lourdeur, grâce à une bonne dose d'humour mais également un ton et une mise en page en adéquation. Alors que Gawain, le stéréotype du héros fort et courageux, est en fait un personnage secondaire par qui l'humour arrive souvent, les personnages centraux sont plus décalés ; ils doutent, semblent subir les événements et apparaissent plutôt bancals. La prestation de Wauter Mannaert renforce d'ailleurs ce sentiment de déséquilibre. Des cases de guingois, des vignettes insérées dans des pleines planches. un trait dynamique et pléthore d'onomatopées viennent habiller les différentes séquences. Le tout autour d'une intrigue parsemée de clins d’œil à Arthur et aux chevaliers de la Table Ronde qui réserve bien des surprises.

Si La Dame du lac perdu, le premier volume, posait les bases d'une histoire loufoque sur fond de légende arthurienne, menée tambour battant, La ZAD du roi pécheur va plus loin sans rien renier. Ce deuxième opus fait de La Quête une série a la fois légère et profonde, mais surtout divertissante et originale. De quoi attendre patiemment l'ultime tome.