P
ourquoi faut-il que sire Kelton pérore autant ? Son écuyer n’en peut plus de l’entendre. Certes, cela distrait Cade, le petit gobelin, qu’ils ont promis de conduire jusqu’à l’école des mages au-delà de cette forêt sans fin qu’ils traversent. Mais quelle plaie. Oh ! Ne sont-ils pas déjà passés devant ce tas de pierres ? Le jeune homme se tourne vers le chevalier qui s’esclaffe. La bonne blague ! Eux, perdus ? Impossible. Un coup d’œil à la carte, une querelle sur la direction à prendre, un retour sur leurs pas. Quelques heures après, c’est sûr : ils tournent en rond, la nuit approche et, avec elle, maints dangers. L’écuyer trouvera-t-il une issue pour les sauver ? Et quel était ce conseil donné par la reine Marley ? Ah, s’il pouvait s’en souvenir...
Suite et fin de l’aventure chevaleresque en terre d’heroic fantasy imaginée par Scott Chandler, ce second volet peut se lire indépendamment du premier. Le lecteur y retrouve le duo bien mal assorti, flanqué du gamin gobelin rencontré précédemment et du chien-squelette de ce dernier. Cette fois-ci, il est question d’honorer une promesse et, pour cela, de traverser un bois. Las, le lecteur comprend bien vite que ce qui aurait pu être une simple promenade prend des allures cauchemardesques. Incapables de retrouver leurs repères, les personnages piétinent et reviennent toujours au même endroit. L’auteur s’est d’ailleurs inspiré d’une de ses propres expériences malencontreuses pour écrire ce récit. Évidemment, il le teinte d’une dose d’humour et d’éléments surnaturels. Y aurait-il un sortilège dans l’air ou cette malédiction de tourner en rond n’est-elle due qu’au manque de jugeotte de sire Kelton et aux préoccupations trop prégnantes de son page ? Pour pimenter le propos, de drôles d’énergumènes et de créatures entrent dans la danse. Mais aussi, il y a ces réminiscences qui hantent les pensées de l’écuyer. Ces séquences ponctuent les péripéties et font office d’ancrage dans la quête de sens du protagoniste. La partie graphique se révèle parfaitement maîtrisée dans son découpage et sa mise en image. La forêt semble véritablement sans issue, les gnolls ont de sacrées trognes et les moustiques font frémir. Face cette nature contrariante, les scènes du passé semblent imprégnées de douceur. Les teintes verdâtres et brunâtres dominent et contribuent à donner corps à l’ambiance générale.
Bien qu'un peu en deçà du tome précédent, ce second volet du Chevalier et son écuyer offre une agréable évasion par la lecture.
Lire la chronique du tome 1.
Poster un avis sur cet album