A bas l'humanité à l'unanimité

«Là où le sol s'est enlaidi, là où toute poésie a disparu du paysage, les imaginations s'éteignent, les esprits s'appauvrissent, la routine et la servilité s'emparent des âmes et les disposent à la torpeur et à la mort.»
Elysée Reclus (1830-1905)

Comme annoncé précédemment, David Snug n’a pas tout dit et il en a gros. Fidèle à ses convictions (anarchisme et simplicité), il s’est juste baissé, a laissé traîner son bras un instant et a ramassé un peu de bêtise humaine ambiante pour mieux nous la renvoyer à la figure, via un petit dessin agrémenté d’un aphorisme succulemment acerbe. Le bon Albert Einstein avait anticipé la chose, ce n’est pas ça qui manque dans l’univers.

N’oubliant pas son statut d’auteur de BD professionnel, Snug a évidemment enrichi ses planches d’une chute bien sentie et de multiples sous-entendus inspirants (ça ne veut rien dire, mais Télérama adore). Bonne idée d’ailleurs, se limiter seulement à pester contre les cinéphiles mangeurs de pop-corn ou les abuseurs de phrases toutes faites aurait été facile, voire gratuit. Du coup, sans rien divulgâcher, il arrive à éviter le point Godwin et offrir une somme remplie de moments WTF du plus bel acabit. Cependant, derrière le côté gag à découper et à coller sur sa porte de bureau ou dans l’espace détente près de la machine à café, se cache une réelle réflexion sur notre société et son fonctionnement. Ne fuyez pas, il ne s’agit pas de théories fumeuses, alambiquées ou utopistes. Plutôt, des coups d’œil dans le rétroviseur qui renvoie un peu de ses contradictions et de ses hypocrisies quotidiennes. Aïe, ça peut faire mal, mais surtout rire, heureusement (ou pas).

À bas l'humanité à l'unanimité, le programme est direct, hilarant et parfaitement mis en boîte par les éditions Nada. David Snug ne dévie pas d’un iota de sa trajectoire. Merci à lui et ¡No pasarán!