C
ette année scolaire à l’ESEIDI, une école d’ingénierie de l’image, promet de ne pas être comme les autres. Il y a ce nouveau, Jeff, qu'Axel ne peut pas supporter. Et les caméras de la chaîne télévisée de l'école qui filment les élèves en permanence, ce qui implique que chacun va devoir gérer sa communauté sur les réseaux sociaux. Les cours défilent, les amitiés se nouent, la cote de popularité de l’établissement monte et tout semble se passer normalement, même si l’agressivité contenue d’Axel pourrait bien cacher quelque chose.
Ce qui intrigue en premier lieu en ouvrant cette BD, c’est le graphisme ; d’abord la structure des planches qui vole en éclats et s’adapte à chaque situation avec beaucoup d’inventivité. Puis les personnages dont les visages sont vides, sauf exceptionnellement lorsque les yeux viennent surligner une émotion. L’ensemble est réussi puisqu’au fil du récit, il apparait que ce dessin iconoclaste sert très bien le propos sur les faux-semblants et le paraitre, d’autant plus dans une école de l’image. Tout cela rend l'ensemble très cohérent aussi bien dans la forme que dans le fond.
Le cadre de l’action est un futur proche qui n’est jamais vraiment montré et que le lecteur peut s’imaginer à loisir, rendant l’ensemble intriguant. Ce flou sur le monde qui entoure l'école permet de se focaliser sur les élèves. Malheureusement, le protagoniste est un peu lisse, les enjeux ne sont pas très clairs et le bédéphile est comme le spectateur d’une télé-réalité, à subir les événements qui paraissent décousus et superficiels. C’est à partir de la moitié du récit que les personnages gagnent en profondeur, que leurs relations sont fouillées, le sens de cette histoire s’éclaire alors et l’intérêt de la lecture arrive réellement.
Graphiquement étonnant, faisant penser par certains moments à l’excellent Square eyes, Les faux lieux est une BD qui ne laissera pas indifférent le lecteur qui prendra le temps de rentrer dans le récit et d’aller au bout de l’histoire.
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