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oyaume de France, XVIIe siècle. Les attaques d’animaux sauvages ne sont pas une chose très inhabituelle. Par contre, quand elles se multiplient et ont désormais comme origine des hérissons ou des poissons de rivière, c’est plus inquiétant. Et si le bétail, les poules et les cochons étaient également pris de folie et commençaient à se rebeller et à venir tourmenter les fermiers et les braves gens ? Face à cette situation inédite, le roi demande au Baron Savinien de mettre ses mousquetaires sur l’affaire. Aussitôt dit, aussitôt fait. Artimon et Valère de Saint-Sulpice, les deux meilleurs éléments de la compagnie, sont envoyés sur le terrain. Par où commencer cette étrange enquête ? En allant voir un spécialiste du domaine pardi ! Le duo s’invite derechef chez Monsieur De La Fontaine. Le célèbre fabuliste a certainement ses entrées au sein du monde animal, n’est-ce pas ?
Dans l’univers des récits jeunesse anthropomorphiques (cinématographiques, littéraires ou en images), deux grandes tendances se sont imposées au fil du temps : la poésie fantastique d’Hayao Miyazaki et l’esprit familial de Walt Disney. Globalement, Mousquetaires Fantastiques tient plus de cette seconde approche, avec de nombreux twists et particularités propres, évidemment. Jean-Christophe Deveney et Dante sont partis de figures connues de tous (les Mousquetaires, de La Fontaine) et ont imaginé une fable d’action à leur manière. Ludique, le scénario, rempli de rebondissements et d’humour, s’avère tonique et très bien mené. De plus, un petit message écologique très discrètement distillé lui octroie une touche de modernité bienvenue.
Des protagonistes à plumes et à poils, un langage châtié, le tout dans le Grand Siècle ? Il est impossible de ne pas penser au cultissime De Cape et de Crocs de Alain Ayroles et Jean-Luc Masbou. Même si les deux histoires restent très différentes, la comparaison est inévitables et ne penche pas en faveur de cette nouveauté, malheureusement. Rien de très grave ou de vraiment condamnable, c’est le lot de tous ceux qui viennent à la suite d’un chef d’œuvre. Dessins maîtrisés, mais manquant quelquefois de précision, mise en page enlevée et parfois confuse, Dante rend une copie agréable, en dépit de ces petits défauts. Cependant, une impression sous-jacente suggérant que la distribution et les décors semblent sortis d’un studio de dessin animé plutôt que de la plume d’un bédéaste persiste au fil des pages. En résumé, la réalisation manque un peu de personnalité et de ces petits détails truculents ou surprenants qui attirent l’œil et la ferait ressortir du lot.
Joliment troussé et concocté avec application (les couleurs d’Élise Follin sont à relever), ce premier tome des Mousquetaires Fantastiques est une lecture sympathique qui en donne largement pour ses écus.
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