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osef aurait pu être peintre, il en avait le talent. A la vie d’artiste, il devra préférer celle de dirigeant d’une fabrique d’éponges. Josef doit rêver de passion flamboyante avec une muse inaccessible. Il devrait convoler avec Joliette, délicieuse jeune femme qui lui est toute acquise. Parfois, on n’a pas le destin qu’on s’imaginait, surtout lorsqu'on ne fait pas grand-chose pour qu’il en soit autrement. Et encore faudrait-il qu’on en soit maître. Il est des rencontres qui autorisent l’imprévisible, a fortiori dans un environnement politique troublé.
Pour beaucoup, Jean-Philippe Peyraud est le chantre des ambiances feutrées, des alcôves et des scènes intimistes aux dialogues justes. Grain de beauté, Celles qu’on regrette et plus récemment La bouche sèche en fournissent une belle illustration. Avec ce nouvel album, il franchit un nouveau pallier. Il y a une autre ampleur dans le souffle qui habite cette histoire qui pourrait être son Autant en emporte le vent. Les relations entre les personnages, ces sacs de nœuds amoureux sont savoureux, brillamment exposés et bien servis par des dialogues au ton moderne sous des atours d’un phrasé d’une époque révolue, la Belle. Les situations vécues par ces couples informels ou constitués font vibrer une fibre romanesque dont il est rassurant de constater qu’elle n’est pas définitivement éteinte. Qu’il est bon parfois de se laisser bercer par les émotions, qu’elles résultent de doutes, d’un amour simple et frais, d’une passion envoûtante et a priori impossible, de l’apitoiement ou de l’injustice.
Le décor est celui d'une fresque historique mais il est donc question de sentiments. Ces sentiments qui peuvent aussi se révéler truffés d’épines ou de feuilles piquantes, comme le conifère du titre. Il est question de désespoir du singe, cet arbre qui ne se laisse pas escalader. Dans le registre de la métaphore, on s’amusera aussi à penser que l’entame du récit avec cette joute complice entre Josef, l’artiste à la vocation contrariée, et Edith, sa cousine qui joue du pinceau et a autant d’amants que de couleurs sur sa palette, évoque un autre végétal : le désespoir du peintre, plante plutôt sauvage et fragile à la fois qui se développe dans les fissures des rochers ou des murs. Arbre qui décourage ceux qui l’approchent d’un côté, herbe qui exploite les points faibles de carapaces pour s’étendre et se développer de l'autre. En terme d’images, et si l'idée leur est venue, les auteurs avaient donc l’embarras du "désespoir" pour faire le bonheur des lecteurs. Mais il serait tout à fait faux de penser que cette entrée en matière est austère. Il n’en est rien et l’on s’amuse aussi lorsque les personnages laissent parler leur frivolité et leur envie de gouter la vie.
Le désespoir du singe, c’est aussi, après trois saisons d’Hector, l’occasion de redécouvrir Alfred. Là encore, le plaisir est là. Celui d’un trait, de ces traits devrait-on dire qui découpent des silhouettes graciles, des bâtiments d’apparence fragile, des paysages foisonnants. Et il y aussi cette alternance entre moments calmes propices aux confidences, voire aux confessions, et scènes de foules bruyantes et tumultueuses. A l’origine de ces dernières, on trouve un rassemblement populaire, festif ou causé par l’intervention de ces forces d’un ordre probablement à la solde d’une junte à la mode slave. Ces figures imposantes aux allures de prussiens des ténèbres, au rictus aussi figé que menaçant, sont redoutables d’efficacité. Ce parti pris graphique, tout en contraste avec leur milieu, est un pari osé mais il fonctionne pleinement. Il est probable que les auteurs dévoileront plus grandement les coulisses des affrontements qui opposent le pouvoir en place et les « francs-battants » dans les prochains volumes.
Une autre couverture présentant Josef et Vespérine (ah ce prénom…) enlacés au-dessus d’une mêlée armée n’affichait pas la sérénité et les tonalités proche-orientales de celle proposée aujourd’hui. C’est d’ailleurs à partir de ce contexte de guerre civile larvée qu’on ne pourra s’empêcher d’effectuer un rapprochement avec une autre série qui a malheureusement rendu son dernier soupir l’été dernier, La voleuse du père fauteuil (Omond & Yoann - Dargaud). L’idée d’un arrière-plan décrivant la lutte d’une autorité gouvernementale et d’une fraction armée contestataire est présente dans les deux séries. L’une n’a pas survécu à ses audaces burlesques. Souhaitons longue vie à la seconde, plus sage, plus posée et qui dispose d’autres atouts tout en suscitant autant d'enthousiasme.
Après Des soldats d’honneur, voici un autre très bel album en ce mois de janvier. Si les trois prochains tomes sont du même acabit, nous venons d’assister à l’éclosion d’une nouvelle grande série. Pleine de sentiments, de passions, de tragédie et de femmes à chignons qui n’empêchent pas les mèches rebelles…
Un ton romanesque et romantique, une histoire d'amour impossible sur fond de guerre civile et de révolution, des personnages aux relations ambigües et aux sentiments tous imbriqués les uns dans les autres, un avenir sombre, une époque troublée, des destins incertains, et malgré tout de l'espoir, de l'espoir ... LA NUIT DES LUCIOLES est une histoire envoûtante. Le scénario peut sembler classique, mais la qualité d'écriture est telle et les relations amoureuses entre les personnages sont tellement modernes qu'on prend énormément de plaisir à la lecture.
Pour ne rien gâcher, le dessin d'Alfred est particulièrement exquis. Un brin malicieux, il croque personnages et décors avec une virtuosité rare.
Ce premier tome du DESESPOIR DU SINGE est un petit bijou.
Intéressant sans être passionnant, ce genre de dessin convient mieux à des dessins
parodiques ou humoristiques, je pense. Enfin, c'est plutôt bizarre comme histoire, pas vraiment exaltant mais pas inintéressant non plus...On a l'impression de lire du Françoise Sagan en BD. Enfin la comparaison entre l'araucaria (le "désespoir du singe") et l'amour de Josef pour la femme qu'il aime est des plus surprenantes.
A découvrir tout de même à titre de curiosité inhabituelle.
Je ne me meurs pas de lire le deuxième tome. Donc, il y a quelque chose qui ne m'a pas totalement accrochée. Le dessin est joli, l'histoire est un peu onirique. On se demande en quelle époque on est; serait-ce ancien ou un futur qui a pris le goût de l'ancien?
Correct, sans plus!
excellent premier tome, les dessins sont a mon gout superbes et collent parfaitement avec l'histoire, d'une tres grande beauté. esperons que la suite sera aussi bien que ce premier tome, pleine de promesse!