Q
u’il est déstabilisant de se retrouver de l’autre côté des barreaux, surtout pour un flic talentueux mais trop regardant sur la déontologie. La situation devient proprement incompréhensible si votre geôlière est décidée à vous faire avouer un crime que vous n’avez pas le souvenir d’avoir commis…
D’après le roman éponyme de Karine Giébel, maintes fois récompensée, Miceal Beausang-O’Griafa et Xavier Delaporte en livrent, chez Philéas, l’adaptation pour le 9e art.
L’exercice consistant à faire un parallèle entre le roman originel et sa version BD a des limites comme une utilité discutable, mieux vaut s’essayer à apprécier cette BD pour elle-même. Pour l’occasion, les amateurs d’esprits torturés, de faux-semblants ou de fausses pistes seront servis. Il reste toutefois difficile, dans ce genre d’exercice, de capter puis de retenir l’attention du lecteur dans un suspense allant crescendo sur près d’une centaine de planches sans frôler la sortie de route. Celle-ci a lieu aux deux tiers de l’album… Ensuite, la question est de savoir comment le soufflet ne retombera pas trop vite et permettra de terminer un repas qui s’avérait gourmand bien que péchant au niveau du dressage. En l’occurrence, ni le découpage par trop classique, ni la mise en page très dense et encore moins un dessin par trop figé (Xavier Delaporte serait-il un condisciple de Richard Marazano ?) ne parviennent pas à faire décoller vraiment le récit. Dès les premières pages, une dichotomie s’opère entre une tension croissante et un dessin qui manque singulièrement d’émotion. S’il était question de soufflet concernant le scénario, l’analogie avec la buche glacée serait de circonstance pour ce qui est de la partie graphique.
Sans démériter vraiment Les morsures de l’ombre peine toutefois à atteindre les sommets annoncés.
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