"Quand on est con, on est con" chantait Georges Brassens en 1962. Le troubadour moderne n'aurait jamais imaginé que notre espèce allait se sublimer dans cet art soixante-deux ans plus tard. Ni qu’un auteur allait s'en emparer afin d'explorer les possibilités infinies de la connerie.
Dans ce cinquième opus, il ne faut pas moins de trois scénaristes pour explorer les nouveautés de la bêtise. Emmanuel Reuzé est toujours aux manettes, accompagné par Jorge Bernstein et Vincent Haudiquet depuis le troisième tome. Ce trio d'analystes sociologiques de l'école Fluide Glacial se nourrissent des coups de gueule feutrés vis-à-vis des travers de nos sociétés de consommation hyper-libéralisées. Comme le faisait remarquer Michel Foucault dans ses cours au Collège de France, les états ultra-libéraux ne tiennent que par la force régalienne dont ils ont besoin pour stabiliser leur régime. De quoi justifier que les forces de l'ordre aient droit à plusieurs chapitres et d'affirmer au passage que la confiance aveugle dans les machines supposées intelligente contribue à l’abêtissement. Toutefois, un petit changement scénaristique a été incorporé dans ce tome. En effet, un personnage va revenir de manière récurrente avec ses aventures. Nouveauté appréciable, Marcel le SDF devient le PDG de Marcel Mendicity, jusqu'à la chute de son empire industriel.
Du côté graphique, Emmanuel Reuzé conserve sa narration basée sur la reprise à l'identique de certains dessins d'une case à l'autre jusqu'à la case finale du strip, laissant le soin aux seuls dialogues d'imprimer le rythme. Ce choix de la quasi immobilité fait la force de la narration, le lecteur pouvant rester figé face à tant de stupidité.
Encore un très bon tome de Faut pas prendre les cons pour des gens qui prouve que l'humour, même un chouïa politisé, est important.
Poster un avis sur cet album