L
e duo de vulgarisateurs historico-comiques Monsieur le Chien-Julien Hervieux revient pour offrir un nouvel opus au Petit théâtre des opérations.
Ce cinquième tome contient un petit changement scénaristique, puisqu’il est centré autour d'une seule personne pour découvrir la vie extraordinaire d'Adrian Carton de Wiart. Tombé dans l'oubli total, ce soldat a pourtant un parcours qu'aucun scénariste n'aurait osé écrire de peur de se voir taxer d'hurluberlu fantaisiste ou de menteur. Or, tout ce que les bédéphiles ont sous les yeux est vrai ! Ce Belge au tempérament des plus impétueux parvient à se faire enrôler dans l'armée britannique lors de la guerre des Boers. De là, il sert lors de la Première Guerre mondiale durant laquelle son corps paie la fougue des assauts. Mais cela n'arrête pas sa carrière. Borgne, puis manchot et enfin légèrement boiteux, le soldat gravit les échelons malgré son caractère. La logique de sa hiérarchie qui l'envoie aider des pays qu'il ne connaît pas dont la Pologne est singulière. Afin de le remercier de ses services, les autorités locales lui octroient un manoir et des terres. Enfin, Adrian se sent bien et en paix... jusqu'à ce que la Wehrmacht envahissent la zone : "Alleï, c’est reparti !" Le redoutable guerrier a tendance à survivre aux balles et aux crashs aériens est à nouveau à l’œuvre malgré son âge...
Julien Hervieux a su restituer les éléments les plus notables de la vie incroyable d'Adrian Carton de Wiart. Sans verser dans l'hagiographie, ni même lorgner vers la biographie exhaustive, le scénariste parvient brillamment à présenter des moments de calme et de bravoure (ou d'inconscience) et à les relier chronologiquement. Comme dans les autres tomes, chaque chapitre est clos soit par une page de texte, qui revient de manière plus précise sur les évènements avec le succulent ton propre à l’auteur, à savoir un humour pinçant et légèrement hautain. Autre particularité, ces planches où les auteurs se mettent en scène, avec un dessinateur maladroit et soumis à son dandy de patron.
Monsieur le Chien prouve, s'il en était besoin, sa maîtrise graphique. Que cela soit pour des explications ou bien pour des scènes de combat, son trait est un mélange de précision et d'hommage à l'humour burlesque. Multipliant les petits détails anachroniques et autres références dans les décors (en particulier à Tintin dans les premiers chapitres), il contribue à l'ambiance générale de la série : apprendre en rigolant.
Les amateurs d'anecdotes et de personnages hauts en couleurs se régaleront avec ce volume dédié à un soldat téméraire bagarreur, très loin d'être un cliché ambulant. La formule de la version bande dessinée du Petit théâtre des opérations fonctionne toujours aussi bien : des faits avérés mis en scène sur différents registres d'humour.
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