« Si les femmes votaient, ça serait la dictature du sentiment ! »
Certaines choses sont acquises, par exemple le vote des femmes. Cependant, en France comme dans bien des pays, la moitié de l'humanité a dû longuement insister pour que ce droit fondamental lui soit accordé. Au début des années 1910, quelques suffragettes, dont Louise Weiss, entreprennent leur croisade. Pendant des décennies, elles luttent pour se faire entendre. Elles sont récompensées en 1944.
Marie Moinard raconte une tranche de l'histoire française. Le ton aurait pu être revanchard et acrimonieux ; elle privilégie plutôt de mettre en scène des dames déterminées et intelligentes. Multipliant les gestes d'éclat, les militantes jouent le jeu des médias ; elles ont compris que leurs faits d’armes attirent l'attention des journalistes et donnent de la visibilité à leur cause.
La scénariste présente les activistes manifestant dans la rue et les enceintes politiques ; elle les dépeint aussi pleinement en contrôle lorsqu'elles remplacent, à l'usine et sur les chalutiers, leurs amoureux appelés sous les drapeaux. Elles n’ont pas de complexes, connaissent leur valeur et aimeraient bien être reconnues les jours de scrutin. Elles ne veulent rien enlever aux hommes, elles souhaitent simplement obtenir ce qui va de soi.
Marine Tumélaire défend le projet avec un dessin beau et sobre. Les héroïnes s’y révèlent puissantes et déterminées ; une grande force se dégage d’ailleurs de leurs visages et postures. Les planches sont généralement dominées par une ou deux couleurs, il ne semble pas y avoir de signification particulière associée à ces choix chromatiques, au demeurant forts agréables.
Il est fascinant, et terrifiant, de constater qu'à elle seule, une poignée de sénateurs rétrogrades arrive à bloquer des revendications légitimes, alors que la société s’y montre favorable. Au fait, en juillet 2024, un électeur français sur trois n'a pas exercé son droit de vote aux législatives.
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