T
us, en Perse, au XIIIe siècle. Esclave, la petite Sitara a été placée chez dame Fatima, une veuve noble issue d’une famille de savants. En plus de servir, elle étudie au côté de Muhammad, le fils de sa maîtresse. Refusant d’abord de suivre les directives, la fillette finit par apprécier ces moments d’apprentissage. Le départ du jeune homme pour un voyage d’étude la chagrine, mais une autre ombre se profile. Une armée mongole assiège la cité et la prend, avant de se livrer au pillage et au massacre. Rescapée, Sitara devient Fatima et rejoint la foule des prisonniers d’un des fils du grand khan, bien décidée à mettre à profit son unique arme : le savoir.
Nouvelle série publiée par Glénat, Jaadugar a, auparavant, été élu manga féminin de l'année en 2023 et nominé au Manga Taisho 2024. Le titre signé par Tomato soup (dont c’est la première publication en France et en Belgique) ne manque pas d’atouts. Ainsi, le graphisme se démarque par un aspect rond et naïf qui souligne volontiers l’expressivité des personnages. Son style rappelle celui des shôjo vers 1950-60 ou encore la patte d'Osamu Tezuka. De plus, un soin particulier a été apporté aux détails vestimentaires et à certains décors. S’y ajoutent quelques cases reprenant joliment des miniatures persanes, ce qui permet au lecteur de s’immerger dans l’ambiance de l’époque décrite. Cette dernière est d’ailleurs restituée avec justesse par le récit, lequel met en avant l’impact qu’a eu la conquête mongole en Asie. Il offre l’occasion de découvrir un pan d’histoire généralement peu connu en Europe occidentale.
Ce premier tome dresse le tableau d’ensemble et introduit les différents protagonistes, tout en soulignant le caractère spontané et indépendant de l’héroïne. Certes, la condition de cette dernière apparaît peu enviable de prime abord – après tout n‘est-elle pas une esclave -, néanmoins, rapidement, ses connaissances la destinent à se placer au-dessus du lot et donc à se sortir des situations les plus difficiles. Dans les deux premiers tiers du volume, les moments tranquilles de partage et d’enseignement alternent avec des épisodes plus intenses, notamment lors du siège de Tus, puis de sa mise à sac. Ensuite, l’autrice axe le propos sur la destinée de Sitara/Fatima parmi les conquérants venus des steppes. Elle en profite pour montrer le fonctionnement du quotidien de ces nomades et présenter les rejetons de l’empereur mongol ainsi que les épouses de deux d’entre eux. Le dernier chapitre laisse entrapercevoir que ces dernières auront chacune un rôle déterminant par la suite. Le seul bémol vient du côté parfois un peu enfantin de certains dialogues et réactions, effet renforcé par le dessin.
Début convaincant et plaisant pour Jaadugar, dont la suite paraîtra à la fin novembre.
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