Cher lecteur de BDGest

Vous utilisez « Adblock » ou un autre logiciel qui bloque les zones publicitaires. Ces emplacements publicitaires sont une source de revenus indispensable à l'activité de notre site.

Depuis la création des site bdgest.com et bedetheque.com, nous nous sommes fait une règle de refuser tous les formats publicitaires dits "intrusifs". Notre conviction est qu'une publicité de qualité et bien intégrée dans le design du site sera beaucoup mieux perçue par nos visiteurs.

Pour continuer à apprécier notre contenu tout en gardant une bonne expérience de lecture, nous vous proposons soit :


  • de validez dans votre logiciel Adblock votre acceptation de la visibilité des publicités sur nos sites.
    Depuis la barre des modules vous pouvez désactiver AdBlock pour les domaine "bdgest.com" et "bedetheque.com".

  • d'acquérir une licence BDGest.
    En plus de vous permettre l'accès au logiciel BDGest\' Online pour gérer votre collection de bande dessinées, cette licence vous permet de naviguer sur le site sans aucune publicité.


Merci pour votre compréhension et soutien,
L'équipe BDGest
Titre Fenetre
Contenu Fenetre
Connexion
  • Se souvenir de moi
J'ai oublié mon mot de passe
AD

Slava (Gomont) 3. Un enfer pour un autre

14/10/2024 3489 visiteurs 7.6/10 (5 notes)

S lava est papa, ouvrier le jour, peintre la nuit. L’annonce de l’arrivée d’une petite fille l’a finalement convaincu de rester aux côtés de Nina, à la mine que tous s’évertuent à maintenir en vie. Seulement, les débouchés se font rares. Pendant longtemps, produire plus que de raison aurait valu une médaille aux mineurs et mécanos qui se tuent à la tâche. Mais l’URSS n’est plus. Dans le monde capitaliste qui a pris le relai, chaque contrat se mérite, couteau entre les dents. En attendant que la situation ne s’améliore, tout le personnel est au chômage technique. De son côté, Dimitri Lavrine a atteint son but : il est plus riche qu’il ne l’a jamais été. Plus isolé que jamais, aussi, et confronté à un sentiment de vacuité qui s’empare de sa vie.

Les personnages avant l’histoire. Voici qui décrit en bonne partie la démarche créative de Pierre-Henri Gomont (Pereira prétend, Malaterre, La fuite du cerveau). Slava n’échappe pas à la règle. Avant le contexte et les péripéties, c’est pour les protagonistes que le bédéphile se passionne. Dans ce troisième volume, chacun prend en épaisseur et en ambivalence. À commencer par le personnage-titre : est-il véritablement acteur de tout ce qui l’entoure ? Le jeune homme à l’allure bohème semble davantage spectateur, dépassé par tout ce qui se joue autour de lui. Mais son rôle de narrateur le place aussi dans la position de celui qui analyse le monde, alors qu’il se trouve confronté à de douloureux choix à faire. Lavrine, aussi, sort d’une forme de manichéisme pour révéler un autre visage et nourrir des réflexions sur le sens profond de la vie. Nina, bosseuse, courageuse et altruiste, continue d’être infiniment attachante et incarne une forme de naïveté face à la brutalité du libéralisme.

À travers eux, les bouleversements de la Russie se racontent. Plus secondaire, Volodia en est probablement la plus éclatante illustration. En une décennie, le pays connaît une transformation que l’Occident a digéré en plus d’un siècle. Du jour au lendemain, tout ce qui rythmait les journées du grand gaillard aux cheveux gris, toutes ses certitudes sur la manière de travailler, sont mises à mal, ébranlées. Dans le joyeux bordel que constitue l’après-communisme sous Boris Eltsine, certains prennent le virage sans difficulté et s’enrichissent grassement. D’autres découvrent un nouveau fonctionnement auquel ils ne parviennent jamais à s’acclimater. Sans verser dans le cours d’histoire (ou d’économie), l’auteur parvient à mettre en exergue avec pertinence les excès d’une économie de marché totalement débridée. Mais le propos n’est jamais lourd ou moralisateur. Animant ses planches à la manière d’une pièce de théâtre, Pierre-Henri Gomont touche juste, avec des textes d’une grande finesse. La comédie est omniprésente et le lecteur peut rire de bon cœur jusqu’à ce que, sans crier gare, l’émotion prenne le pas. Agrémentée de la dose d’action qu’il convient et de quelques twists, la lecture est tout à la fois poignante, drôle et menée à un rythme endiablé. Tout cela fait de Slava une œuvre inclassable, mélange de genres multiples et totalement à part.

Conclure une série n’est jamais chose aisée. Avec l’ultime épisode de sa trilogie, Pierre-Henri Gomont appose à son ambitieux projet un magistral point final.

Lire la preview.
Lire la chronique du tome 1 (Après la chute), la chronique du tome 2 (Les nouveaux Russes) et l’interview de l’auteur.


Par D. Kebdani
Moyenne des chroniqueurs
7.6

Informations sur l'album

Slava (Gomont)
3. Un enfer pour un autre

  • Currently 4.52/10
  • 1
  • 2
  • 3
  • 4
  • 5
  • 6

Note: 4.5/5 (27 votes)

Poster un avis sur cet album

Votre note :
Vous devez être connecté pour poster un avis sur le site.

L'avis des visiteurs

    Blue boy Le 06/01/2025 à 12:16:15

    C’est presque avec une pointe de regret, mais désormais totalement conquis, que l’on aborde le dernier volet de cette fabuleuse trilogie. Narrée par le personnage principal, Slava Segalov, jeune artiste reconverti en mécanicien minier par le hasard des événements, cette fresque épique se déroulant dans la Russie postsoviétique ne manquera pas de nous faire vibrer à nouveau durant les cent dernières pages contenues dans ce volume.

    Mené sans temps morts, à l’image des deux tomes précédents, « Un enfer pour un autre » parvient, si cela était possible, à pousser encore d’un cran sa puissance narrative. Alors que l’écroulement de l’ancien monde soviétique n’en finit pas d’entraîner la mort et la désolation, on continue à suivre avec appétit le destin de ces deux hommes, Slava et Lavrine, un destin en forme de montagnes russes, expression facile mais tellement appropriée…Il faut dire que Pierre-Henry Gomont, en plus d’être un dessinateur hors pair, sait concevoir un scénario (très peu d’auteurs ont ce double talent, il faut bien le dire) avec en prime des textes et des dialogues ciselés. La narration possède un souffle indéniable, assorti à une touche de burlesque incarné par le personnage de Volodia, l’attachant géant géniteur de la belle Nina, qui n’hésite pas à disperser façon puzzle (la diplomatie c’est pas son fort), tout particulièrement avec les vautours et les aigrefins, qu’un don particulier lui permet de repérer à dix mille lieues à la ronde.

    Tout au long de la série, Slava Segalov et Dimitri Lavrine, qui se sont connus chez les pionniers soviétiques, tentent d’exister au milieu des décombres de l’URSS, en, mode chassé-croisé. Les deux hommes entretiennent des rapports ambigus, chacun d’eux ayant des aspirations pour le moins antagonistes. Slava, c’est l’artiste fauché, beau gosse romantique et candide qui, lassé de tirer le diable par la queue, s’est résigné à s’associer avec Lavrine, un type un peu replet et très roublard, obsédé par l’idée de faire fortune. Leur amitié est-elle sincère ou seulement motivée par leur propre intérêt ? On n’en est pas trop sûr au début de la saga, mais au fil du récit, et en particulier dans ce dernier tome, on réalise que leur attachement mutuel, à force de galères et de déconvenues, est bien plus profond qu’il n’y paraissait, et ce malgré plusieurs périodes de séparation. Comme si l’artiste sensible avait été touché par les fêlures que son compagnon tentait de dissimuler derrière son masque cynique et arriviste. On peut véritablement parler ici de bromance, en parallèle de la romance fougueuse entre Slava et Nina.

    Clairement, « Un enfer pour un autre » constitue l’apogée de « Slava ». Alors que toute échappatoire à la tragédie annoncée semble de plus en plus compromise, la narration va prendre une coloration de plus en plus sombre, avec pour acmé une déflagration spectaculaire, au propre comme au figuré, qui laissera peu de monde indemne. Mais comme Gomont n’a pas pour seul but de faire pleurer dans les datchas, il va conclure son histoire en nous emmenant vers des terres plus apaisées, plus lumineuses, plus poignantes aussi. Nous laissant dans un silence ému au sortir de cette lecture.

    Pour éviter de trop me répéter quant à la partie graphique, je dirais simplement que « Slava » ne saurait être dissocié du dessin. Celui-ci apporte une vibration unique, une énergie totalement en phase avec la narration. Chaque coup de pinceau est une gourmandise oculaire, une sensation que personnellement je n’ai pas eu si souvent l’occasion d’éprouver. A ce titre, Gomont nous livre peut-être une partie de son secret par le biais de Tatiana, personnage secondaire mais ô combien important, conseillère artistique passagère de Slava qui ne fut pas étrangère à son revirement vers l’art. Ce qui laisserait penser que Slava est finalement un peu le double de Pierre-Henry…

    C’est peu dire que ce dernier opus conclut en beauté la saga « Slava », figurant désormais au panthéon des œuvres majeures du neuvième art. Et si on considère que PHG s’est un peu projeté dans le personnage de Slava Segalov, on ose espérer qu’il conservera comme lui une éthique plus proche des artistes galériens (mais avec le confort pécuniaire) que galeristes (ceux qui ont lu ce tome comprendront), afin qu’il puisse encore nous émouvoir et nous surprendre à l’avenir.

    loupape Le 16/10/2024 à 09:17:45

    Superbe conclusion de la trilogie ! Avec un texte et un dessin à la fois énergique et tout en finesse, Pierre-Henry Gomont est aussi un merveilleux conteur qui construit une œuvre singulière, dans un style unique et immédiatement identifiable, à l'égal d'un Hugo Pratt ou d'un François Bourgeon. Slava est pour l'instant son chef d'œuvre, espérons qu'il y en aura d'autres !

    Yovo Le 24/09/2024 à 15:43:37

    « Slava » est l’une des bandes dessinées les mieux écrites que j’ai pu lire.

    Le vocabulaire, le verbe, la langue de Pierre-Henry Gomont sont d’une richesse peu commune. Drôles ou acerbes, ses mots, ses saillies, sonnent toujours justes et nous touchent immanquablement. Son style truculent, volontiers excessif, généreux d’éloquence, véhicule une quantité insoupçonnable d’émotions.

    Le dessin, lui, est énergie pure.

    Les personnages, beaucoup plus élaborés qu’ils n’y paraissent de prime abord, semblent plus vrais que nature avec leurs gueules pas possible. L’expressivité élastique de leurs visages, leurs postures, les font immédiatement exister et créent une complicité précieuse avec le lecteur.

    Quant aux décors, on devine l’attention que l’auteur leur a portée pour ancrer son récit dans une réalité crédible. Avec en toile de fond des paysages noirâtres, comme croqués sur le vif, chaque action se déroule dans un de ces lieux typiquement soviétiques, que ce soit par leur faste rococo, ou au contraire, par la froide géométrie d’architectures brutalistes ou de sites industriels rafistolés aux squelettes de ferraille rouillée.
    Tous paraissent parfaitement authentiques.

    Cependant, il ne faudrait pas faire l’erreur de séparer la partie graphique de l’écriture.
    « Slava » est un tout indissociable, on ne peut plus cohérent. Mais surtout – et c’est de loin le point le plus important – cette cohérence est au service d’une véritable histoire. Une de celles qu’on n’imaginait pas. Une histoire simple en apparence, dont la construction suit pourtant un schéma complexe aux imbrications multiples.

    Abouti, maitrisé de bout en bout, le scenario sans faille de Pierre-Henry Gomont a une âme. Il reste constamment fluide, gagnant en épaisseur au rythme d’un crescendo dantesque, jusqu’à ce final absolument magnifique.

    Viscéralement humain, burlesque, sombre, profond, fataliste, roboratif, « Slava » est une réussite totale qui m’aura laissé des étoiles dans les yeux.
    Quel panache ! P’tain de chef d’œuvre…

    Touriste-amateur Le 22/09/2024 à 18:12:32

    Dans la droite lignée des deux premiers fabuleux albums. Jamais l'auteur ne se repose sur ses lauriers. A lire absolument!

    Campanar Le 13/09/2024 à 18:51:28

    Pas de long commentaire, je me suis régalé … punto.
    Jolie palette de caractères, analyse parfaite de la nature humaine, spirituel, très fin, poétique … vaut pour l’ensemble de la série.

    FIFI1970 Le 08/09/2024 à 14:02:44

    Pierre-Henry Gomont m'avait déjà bluffé avec Malaterre, mais comme on pouvait l'espérer, son triptyque SLAVA est son chef d'oeuvre. S'il est vrai qu'il prend son temps pour arriver à sa conclusion (flamboyante, épique, tarantinesque mais avec le surligneur philosophique en plus), il a pris soin de donner énormément de matière et donc de personnalité à tous ses protagonistes. La voix off du personnage central, Slava (proche de Candide, le bonhomme gagne en profondeur au fil des claques reçues), égrène des remarques d'une belle profondeur, on comprend l'âme russe à travers son histoire ; on confirme surtout la noirceur de l'âme humaine sous toutes les latitudes. Magnifique, Gomont est comme Blain, l'un des dessinateurs les plus prometteurs de l'époque.