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ologne, ces jours-ci. Steph, Anna, Ludo, Claire, Mathilde, Camille, Théo, Sarah, Tarek et Isa… Ils se connaissent un peu ou beaucoup, se cherchent, se croisent, se trouvent parfois, s’aiment même ou tentent de le faire. En résumé, ces vingtenaires d’aujourd’hui découvrent la vie et essayent d’en comprendre les règles et, surtout, de se comprendre eux-mêmes.
Entre récit choral et étude de mœurs, La ronde reprend la structure imaginée par Arthur Schnitzler en 1897 dans sa célèbre pièce de théâtre du même nom. Découpé en une dizaine de scénettes impliquant deux des protagonistes dont un change à chaque chapitre, l’album dresse un portrait d’un échantillon de la génération Z. Dans le texte du dramaturge autrichien, la sexualité était au centre des propos et avait fait scandale. L’accent de cette version 2.0 est davantage mis sur l’acceptation des différences et de la diversité (de genre, raciale, corporelle, etc.). En un siècle, les irritants, les peurs et les mœurs ont peut-être changé, mais la quête pour l’âme sœur et l’acceptation sont restés quasiment identiques. Pour ce faire, le scénariste a développé dix moments (rencontre, révélation, coup de foudre, trahison, dilemme, etc.) mêlant le plus intime à des considérations universelles. Quelques touches d’humour (les cosplayers de Star Wars sont aussi des êtres humains), énormément de références ou clins d’œil culturels et une sensibilité de tous les instants et de tendresse enrobent des situations parfois dures ou difficiles psychologiquement pour cette distribution toute contemporaine.
Afin de conduire cette danse, Agnès Innocente propose une approche graphique très classique qui, cependant, sait parfaitement se jouer de la modernité. Ainsi, les si cruciaux et omniprésents téléphones intelligents et leurs app de communications instantanées sont pleinement visibles et intégrés à la narration. Les sms et like enrichissent même la lecture en ajoutant des décalages aux différents scénarios. Visuellement, le trait fin et élégant, ainsi que la mise en couleurs délicates et harmonieuses rappellent Timothé Le Boucher, avec le soleil de l’Italie en plus. Dans tous les cas, la dessinatrice fait preuve d’un talent certain, particulièrement pour ce qui est des rictus et des regards qui en disent longs.
Moins expérimental dans la forme que Connexions, La ronde partage néanmoins énormément de points communs avec l’ouvrage de Pierre Jeanneau. L’âme humaine au centre, donner un sens à nos existences et avancer, la vie est un éternel recommencement qui ne cesse d’étonner et questionner les artistes. Une jolie surprise remplie de fraîcheur et de doute.
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