D
ans la campagne japonaise, vivent Kabocha et son humain. Ces deux néo-ruraux vivent au gré des jours et des travaux agricoles pour l'un, des siestes et d'explorations pour l'autre. Pour la chatte, ce nouvel environnement est un extraordinaire terrain de jeu et de découvertes sans fin.
Récit quasi-autobiographique de son auteur, Le petit monde de Kabocha est un ensemble de dix-sept "aventures" qui allient avec brio ce qui fait le sel des récits dits "tranche de vie" et le manga animalier. Après avoir percé dans la bande dessinée japonaise dans les années 1990, Daisuke Igarashi a ressenti le besoin de quitter la ville pour se rapprocher de la nature. Il passe alors six ans dans le nord du Japon, dans la province d'Iwate plus précisément. Par la suite, le mangaka s'est servi de cette expérience pour nourrir ses récits, tout d'abord avec l'excellent Little Forest, puis avec les péripéties de son chat dans le présent one-shot. Ce titre est plus léger et destiné à la fois aux aficionados des chats et plus généralement aux amoureux de la Nature. Chaque récit met en exergue le cadre rural, qui, par le prisme du scénariste, devient enchanteur. L'auteur parvient à transformer le quotidien de son animal de compagnie, composé essentiellement de recherches de repas, de siestes et d'errances, en aventures quasi épiques et souvent fortes en émotions pour lui ou pour Kabocha. En optant pour une narration non chronologique, il invite les lecteurs non pas à se demander pourquoi sont-ils allés vivre à la campagne, mais plutôt à les suivre au jour le jour et de temps en temps, il lève le voile sur un moment de leur passé. L'idée est intéressante, d'autant plus qu'elle fonctionne, puisqu'elle évite l’écueil du déjà-vu ou de la ficelle scénaristique tant usée dans le manga animalier.
Le trait reconnaissable entre mille d'Igarashi magnifie l'environnement. Les décors sont beaux et détaillés avec une minutie rare et appréciable. Que cela soit pour les habitats, les champs ou les forêts aux alentours du domicile du personnage principal. En voulant renouer avec la nature, l'artiste en a nourri son trait, donnant ainsi naissance à une ambiance apaisante où la nature est sublimée , proche de ce qu'a fait Hayao Miyazaki avec Mon voisin Totoro. Son souci du détail concerne également les nombreux autres animaux qui jalonnent les différents chapitres. Il est à noter que l'édition française a conservé les planches en couleur. véritables odes à la nature.
Le petit monde de Kabocha est un récit hautement dépaysant, qui dégage une ambiance sereine au fur et à mesure de l'avancée des chapitres. La lecture de ce manga est un excellent remède à la morosité.
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