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lors que Louis XV sape les fondements de la royauté dans le lit de ses maitresses, la noblesse n’a de cesse de cultiver ses privilèges et les faveurs de son souverain. Mais pour l’heure, le chevalier de Saint Sauveur se voit obligé d’embarquer pour la Nouvelle-France, son retour ne dépendant que des pâmoisons amoureuses de la marquise d’Archambault, humeurs que le chevalier compte bien maitriser à sa guise.
Le siècle des Lumières, s’il a éclairé le monde, comportait aussi sa part d’ombre ! Alain Ayroles (scénario) et Richard Guérineau (dessin) se plaisent à le rappeler à travers les écrits du sulfureux sieur de Saint Sauveur.
Ce second volet de L’ombre des lumières cultive les qualités de son prédécesseur comme ses petites faiblesses. Pour l’occasion, le propos se déporte vers les contrées québécoises et s’attache à la destinée des colons du Nouveau-monde et des Nations indiennes. Si le traitement épistolaire n’était pas sans évoquer Pierre Choderlos de Laclos, ce nouvel épisode suit également la trace de James Fenimore Cooper et de son célèbre Derniers des Mohicans. En œuvrant de la sorte, Alain Ayroles casse le rythme donné par les écrits des divers protagonistes et sort son récit des intrigues de cour et de cœurs pour lui conférer un souffle plus épique et dynamique, même si celui-ci ne transparaît que dans le dernier tiers de l’album. Pour ce qui relève du registre graphique… que dire ? Rien ! Si la mise en page reste classique, son découpage sait parfaitement rythmer ce récit et insuffler vie aux différents intervenants avec une forme de justesse qui fait que rien n’est de trop et rien ne manque !
Dentelles et wampum, second volet d'une comédie de mœurs annoncée sous la forme d'un triptyque, se lit avec un plaisir qu’il convient de ne pas bouder.
Une nouvelle histoire d’Ayroles sur un beau grand format. J’ai acheté sans hésiter.
La mise en page et le dessin sont vraiment superbes. La trame scénaristique est plutôt originale. Je dois avouer que la lecture du premier tome m’a été assez difficile. La double narration sur chaque page avec les correspondances de lettres n’est pas très fluide. Il faut se rappeler à mi-page à qui la lettre est adressée et par qui elle a été écrite. Une deuxième lecture avec un peu de concentration m’a vraiment permis d’apprécier ce premier volet.
Le deuxième tome est, quant à lui, beaucoup plus fluide. J’ai beaucoup aimé le changement de cadre et ce départ pour la belle province. Les personnages sont creusés et les décors un prétexte pour nous faire découvrir la vie des premiers habitants de la Nouvelle-France aux côtés des Indiens.
Dans l'attente du troisième tome !
Autant , je n'avais pas été emballé par le premier tome avec toutes ces lettres , autant ce deuxiéme opus se laisse lire avec grand plaisir ,notre personnage , odieux comme il se doit , se retrouve dans le nouveau monde , coureur des bois malgré lui ...je n'en dis pas plus ...A découvrir
Le premier volume m'avait déçu. Mal construit, un style épistolaire déconcertant à tel point que j'ai hésité avant de me lancer dans l'achat du second tome.
Et bien, je dois dire que j'ai été très agréablement surpris par la suite donnée par Alain Ayroles à ce récit. Après une pâle copie des "liaisons dangereuses", le scénariste nous entraine là dans une aventure riche en rebondissements et péripéties , se déroulant principalement dans la Belle Province.
Notre Chevalier de Saint Sauveur, libertin du premier volume, se mue ici en un personnage pervers, manipulateur et retors à souhait. On retrouve là la patte d'Ayroles des "Indes fourbes".
Le scénario devient habile, passionnant et j'avoue de pas avoir lâché ce deuxième volume avant la fin, là où j'achevai péniblement le tome précédent.
Après avoir découvert le premier volume dans son édition n&b, je me suis contenté de la version couleur (la seule existante) et je suis d'avis que le dessin de Richard Guérineau est bien plus lisible comme ceci.
Bref, une très belle surprise pour cet opus, et là, oui je serai sans hésitation pour le tome 3, conclusion de ce récit.
A mon grand regret j’avais plutôt mal accueilli le premier tome de cette luxueuse trilogie en raison d’une complexité de construction et d’une présentation épistolaire trop essentielle dans le récit. Après un étonnant flash qui nous montrait notre chevalier dans de beaux draps aux mains de sauvages des Amériques, ce second volume nous envoie de l’autre côté de l’Atlantique à la suite directe des dernières pages du précédent. Le malfaisant chevalier a en effet trouvé dans son bannissement l’occasion de se refaire une place au soleil de Versailles au détriment d’une jeune héritière qu’un noble jaloux souhaite voir frapper du l’infamie en missionnant le libertin pour la marier à un sauvage!
Il faut se souvenir qu’Alain Ayroles aime les intrigues alambiquées et manipulatrices et les Indes Fourbes nécessitait un peu de concentration. Cette suite des mésaventures du chevalier de Saint Sauveur reprend sur un rythme plus soutenu que le précédent en adoptant une linéarité beaucoup plus facile à suivre et enthousiasme par des décors où Richard Guérineau semble bien plus à l’aise que dans les intérieurs français. Il nous rappelle à cette occasion son immense qualité de coloriste qui rangerait presque son dessin au second plan au regard de la finesse de ses textures.
Découvrant clairement les finalités du récit et les manigances du méchant, le lecteur peut également prendre fait et cause pour les victimes, la jeune femme et les deux pauvres serviteurs, l’indien et ce Gonzague qui va prendre une dimension de premier plan au travers de ses lettres à sa femme restée au pays. Ce qui manquait cruellement à L’ennemi du genre humain qui se contentait de constater les méfaits du chevalier sans possibilité de compassion pour les souffres-douleur est ici résolu de façon salutaire et donne un intérêt rehaussé à la série.
Je constatais au billet précédent le manque de souffle, ce n’est plus le cas ici puisque l’aventure canadienne crée un nouveau départ qui permet l’émerveillement dans ce Nouveau Monde et la frugalité de la vie confrontée à une Nature omniprésente et remet l’anti-héros au second plan. La différence de traitement scénaristique est très étonnante et confirme peut-être une prise de conscience du scénariste, ce qui laisse optimiste pour la conclusion d’une série totalement relancée. Progressant tout naturellement entre l’arrivée dans ce monde qui doit lui permettre de se faire une virginité, l’histoire évolue vers la grande aventure qui fait référence aux écrits de London et au Dernier des Mohicans. L’amour présenté jusqu’ici sous le regard cynique du chevalier prend désormais un regard plus tendre, condamnant la vision machiavélique de ce dernier et laissant le lecteur espérer une punition à la hauteur de ses maléfices.
Très heureuse évolution d’une série mal débutée malgré la grande technique des auteurs, L’ombre des Lumières se rééquilibre en plaçant les Lumières sur l’Ombre pour le plus grand plaisir des lecteurs en proposant une grande aventure lettrée.
Lire sur le blog:
https://etagereimaginaire.wordpress.com/2024/10/29/lombre-des-lumieres-lennemi-du-genre-humain/
Ne ratez surtout pas cette pépite, si vous aimez les textes à l'humour un peu irrévérencieux, iconoclaste, la belle langue avec une certaine dose de cynisme. Et cela sur fond d'idées des lumières qui commencent à se répandre en perturbant un peu le cerveau de certaines gens.
Les avis postés sur le tome 1 laissent apparaitre une certaine unanimité quant au dessin, mais beaucoup de lecteurs se plaignent du scénario qu'ils ont trouvé un peu confus à suivre. En effet, il ne faut pas hésiter à s'adonner à une seconde lecture, pour le plaisir mais aussi pour bien suivre qui écrit à qui dans cet échange entièrement épistolaire, c'est important.
Pour moi, un régal !