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Les crieurs du crime Crieurs du crime - La belle époque du fait divers

30/09/2024 1658 visiteurs 8.0/10 (1 note)

A u XIXe siècle, les journaux fidélisaient leur clientèle en leur proposant les feuilletons littéraires signés Victor Hugo ou Eugène Sue. Les choses changent. En 1907, les éditeurs comptent sur la presse à sensation.

Valentin, journaliste, doit se pencher sur la disparition d’une fillette au Ba-ta-clan. Le scribouillard suit de près l’enquête policière, laquelle met rapidement à jour un assassinat crapuleux semant l’émoi.

Le fait divers à la base des Crieurs du crime, sert de prétexte à la radiographie d’un microcosme. D’entrée de jeu, la fonction des médias et la manipulation de l’information sont ciblés. L’auteur insiste notamment sur le rôle de ces nouvelles sordides qui ont favorisé la naissance d’un sentiment d’insécurité. L’album aborde également certains enjeux sociaux, nommément les conditions de travail, l’abolition de la peine de mort et la place des femmes.

Sylvain Venayre a fait ses recherches pour solidement ancrer son scénario dans les faits, comme en témoignent trois pages de notes détaillées. Dans ce type de projet, le défi est de s’assurer que le volet documentaire n’écrase pas la trame narrative. Mis à part quelques dialogues un peu lourds, l’auteur s’en sort très bien. Le déroulement se montre fluide et le héros poursuit sa quête. Le lecteur s’attache à l’idéaliste qui porte un regard lucide sur son métier et son époque.

Hugues Micol a su parfaitement capter l’esprit du temps avec des illustrations réalisées à la gouache, lesquelles évoquent certains artistes contemporains de l’action, tels Edgar Degas et Édouard Manet. Il décrit un Paris oublié avec hommes en redingote, dames en robe longue et rues parcourues de chevaux tirant des charrettes. Le livre se divise en douze tranches, chacune correspondant à une journée ; toutes sont précédées d’une belle double planche offrant une vue sur un immeuble parisien. Ses personnages, expressifs et vaguement caricaturaux, s’inspirent pour leur part du style d’Honoré Daumier. Chapeau au dessin de couverture où l’ombre d’un journal prend la forme d’un poignard, cette composition synthétise admirablement le récit et son essence.

Un scénario didactique et bien maîtrisé. Il est intéressant de constater qu’un siècle plus tard, la désinformation et le frisson de terreur constituent toujours un fonds de commerce profitable pour les médias.

Par J. Milette
Moyenne des chroniqueurs
8.0

Informations sur l'album

Les crieurs du crime
Crieurs du crime - La belle époque du fait divers

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L'avis des visiteurs

    Touriste-amateur Le 08/12/2024 à 13:14:12

    Déjà, explication de la note : je donne 4 pour le dessin et 2 pour le scénario. Donc une moyenne de 3, CQFD!

    4 pour le dessin car il est superbe, ça pourrait même être 5 tant l'atmosphère du Paris des années 1900 ressort bien avec de magnifiques à-plat et des détails partout!

    2 pour le scénario, pourquoi?...
    Valentin, journaliste en mal d'espérer devenir un jour écrivain, et sa Valentine (Heu... Marguerite!) s'apprêtent à partir à Venise pour leur voyage de noces lorsque tout est annulé: Une fillette vient d'être assassinée et son rédacteur en chef tient absolument à ce qu'il couvre l'événement.
    Et c'est là où le scénario coince... Ca pourrait être un polar mais on sait tout de suite qui est le coupable. Alors il faut trouver autre chose pour occuper les 140pages si magnifiquement dessinées (bravoooo!!!) et l'album aborde de nombreux sujets sans vraiment en approfondir aucun. Ca va de la peine de mort à la montée de la presse à sensation au détriment du journalisme d'investigation, en passant par un couplet sur le rôle des femmes dans cette société patriarcale, le laxisme de la justice et aussi quelques rappels historiques et sociétaux de cette époque.

    Tout est intéressant, certes. Et, il faut le reconnaitre, toujours très actuel! Mais tout est survolé et on a du mal à comprendre vers où le scénariste souhaite nous emmener. Je me suis même mis à espérer qu'enfin, à un moment, il y aurait un rebondissement, genre "un coupable idéal qui n'est peut-être pas le bon". Mais non...
    Du coup, c'est un peu plat, même parfois long à lire (heureusement, il y a les "images").

    Bref, j'ai quand même plus que moyennement aimé et à la relecture de cet avis, je me dis que 3 sur 5 c'est peut-être un peu trop bien payé.
    Oui, mais ... il y a le dessin!