D
ans le temple du Dieu blanc de Caer Maloth, en Terre des Lacs, Elwen et Arthur s’apprêtent à se marier. C’est un jour important qui scelle l’amour entre deux êtres en même temps que l'alliance durable avec la Terre des Cerfs. Mais la fête est rapidement gâchée par l’arrivée de pillards hiberniens sans merci qui mettent le feu dans la cité avant d’être finalement contenus par la troupe locale. Cet épisode est un avertissement de plus : Alba la Grande a besoin d’un nouveau Pendraig, d’un roi capable de rassembler les Basses-Terres pour tenir tête aux nombreux envahisseurs qui s’avancent. Le Conseil des Rois doit justement se tenir dans quelques jours, au grand cromlech des Pierres d’Eren, pour désigner le successeur de Brùde le Fort. Et l’enchanteur Merlin est bien décidé à convoquer l’appui des Dieux pour imposer sa volonté, lors de la réunion des souverains.
En 2019, Jérôme Le Gris et Benoît Dellac réalisaient Serpent Dieu. Après un premier cycle réussi, cette série viking très addictive ne connaissait toutefois pas de suite. Est-ce la conviction d’avoir encore des choses à explorer dans les lointaines contrées du Nord qui les a poussés à se pencher sur la légende arthurienne ? Toujours est-il que Pendragon partage avec cette précédente saga – outre deux auteurs communs, donc – quelques similitudes : des intrigues entremêlées, des créatures maléfiques et des scènes de combats grandioses à la brutalité non dissimulée ! La patte de Benoît Dellac sur le storyboard (occupé par ailleurs par la mise en images d’Hawkmoon) se ressent dans le découpage mais aussi dans l’efficacité de certains cadrages sur les personnages. Pour transformer l’essai, Paolo Martinello laisse s’exprimer toute sa maîtrise. Son trait réaliste et ses couleurs soignées créent une ambiance parfois poisseuse, pleine de feu, de sang et de larmes. Le bédéphile est, dès lors, totalement immergé dans l’univers et confronté à des planches éblouissantes.
Après une entame campant le statu quo de départ et définissant les fondements du récit, ce nouveau volet a les allures d’un tome de transition. L’histoire avance, somme toute, assez peu. Mais le contenu de ce volume n’en est pas moins indispensable car il approfondit l’état d’esprit et les ambitions de chaque personnage. À la conclusion de L’épée perdue, le lecteur était laissé sur un évènement de taille puisque la prêtresse Nimue parvenait à repêcher Calibùr, l’épée sacrée. Il était donc à prévoir que Merlin poursuivrait sa quête de voir le fils bâtard de Brùde le Fort réunifier l’ensemble des clans, alors même que ce dernier ne semble pas enclin à assumer un tel rôle. Le sort de Mordred (qui est ici le demi-frère d’Arthur et non son fils comme traditionnellement) est également abordé, laissant planer d’inquiétantes incertitudes sur la suite des évènements…
Réécriture intelligente et plaisante d’une légende pourtant maintes fois triturée, Pendragon est assurément une excellente série à suivre. Vivement le troisième tome.
Lire la chronique du tome 1.
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