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ars 2020. Après avoir passé vingt-cinq ans dans le milieu de la publicité, Fred est licencié. Trois jours plus tard, le Covid vient perturber la société. Durant le confinement, l'ex-publicitaire réfléchit longuement au sens de sa vie jusqu'au mois d'octobre où il apprend la mort de Samuel Paty, professeur d'histoire-géographie. La nouvelle est pour lui à la fois une onde de choc et un déclic : il sera enseignant en Arts plastiques. Confiant et naïf, Fred ne sait pas encore qu'il met les pieds dans un univers bien particulier...
En cette rentrée des classes 2024, la Boîte à bulles propose aux bédéphiles le témoignage d'un auteur sur le métier de prof, qu'il a exercé quelques mois. Le timing de cette sortie est excellent, car le titre mérite d'être lu par les futurs gens du métier et par ceux dont le jugement est basé sur des poncifs concernant cette profession. Dès les premières planches, les lecteurs découvrent le parcours du combattant pour l'inscription au concours, qui n'est pourtant que la partie la plus facile. De sa première prise de poste à son épuisement, Fred Leclerc montre le (dys)fonctionnement de l'institution de l'intérieur. Des formations culpabilisantes et hors-sol aux collègues moralisateurs et incompétents, en passant par les enfants qui sont loin d'être aussi sages qu'il le pensait, l'auteur retranscrit avec honnêteté son expérience professionnelle. Celle-ci fut parsemée d'embûches et de jolis moments. L'auteur sait mettre tout cela en avant, évitant ainsi le portrait à charge du métier. Bien au contraire, les atermoiements et doutes qui le tiraillent pendant plusieurs mois illustrent qu'il a tenté de faire de son mieux. Les échanges avec les confrères et consœurs au statut tout aussi précaire que le sien reflètent un désarroi authentique. La discussion avec le prof d'EPS sur le courage des enseignants constitue l'un des instants les plus poignants de cet album.
Rompu à l'exercice de la bande dessinée de reportage, le dessinateur a réussi à en conserver le dynamisme des expressions et des cadrages. Le trait est assez réaliste et bénéficie d'une colorisation sobre avec l'utilisation de couleurs pour les fonds de planches en fonction des sentiments exprimés. Sur les dernières, Fred Leclerc a utilisé des dessins de ses anciens élèves, donnant une touche douce-amère appréciable.
Journal d'un prof à la gomme est un témoignage réaliste, honnête et sans concession de la manière dont l’Éducation Nationale traite et précarise ses enseignants. Un album à lire afin de mieux comprendre de l'intérieur comment fonctionne cette machine.
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