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rance, milieu des années 1930. Le Front populaire, mené par Léon Blum, apporte un vent de changement. L’éducation se démocratise, des infrastructures sportives sont promises et les ouvriers obtiennent deux semaines de vacances payées. Tout semble possible. C’est du moins ce que croient Roger et Louison. Lui travaille sur une chaîne de montage d’une usine Renault, elle est couturière. La droite n’a cependant pas dit son dernier mot et souhaite conserver ses privilèges.
Dans ce deuxième tome de La belle espérance, Chantal Van den Heuvel poursuit son drame familial et romantique, sur fond de tensions sociales et géopolitiques (des gouvernements totalitaires poignent à l’horizon, au sud comme à l’est). La scénariste réussit d’ailleurs fort bien à entremêler la grande et la petite histoire. Elle s’intéresse aux politiques idéalistes, aux bourgeois réactionnaires et, cela va de soi, au peuple impatient de mettre un peu de beurre sur ses épinards. Chaque groupe est traditionnellement imperméable à l’autre, mais de minuscules brèches se dessinent… et se referment parfois abruptement.
Le projet apparaît par moments déroutant. Si les enjeux sociopolitiques demeurent connus et faciles à décoder, il en va autrement des nombreuses anecdotes parallèles. Une relecture du premier volet du diptyque n’est d’ailleurs pas superflue avant de se lancer dans le second. Le scénario est toutefois soigné, tout se tient et les liens finissent par transparaître.
Le dessin semi-réaliste d’Anne Teuf laisse sur sa faim. Le trait paraît hésitant, voire pixelisé. Les visages des acteurs sont sommairement exécutés et le bédéphile a du mal à y lire une réelle émotion. Les décors se montrent sommaires, c’est malheureux dans un récit poursuivant l’idéal d’être la photo d’une époque. Il y a néanmoins de jolies trouvailles, par exemple des apartés balisés par des cases arrondies, lesquelles évoquent la forme des parenthèses.
L’autrice voit grand, très grand. Un peu comme si elle tentait de se mesurer aux vingt tomes des Rougon-Macquart, d'Émile Zola, en deux fois cent-cinquante planches. L’exercice, quoique périlleux, est globalement réussi, alors qu’elle a su capter l’essence d’un temps nouveau. Le lecteur y décèle, pour sa part, les prémices d’une social-démocratie en devenir.
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