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uillet 1916, Belloy en-Santerre sur le front de la Somme. Sur le point d'effectuer un raid dans les tranchées allemandes, la brigade de Randolphe Carter se fait surprendre par d'étranges soldats, créatures de cauchemar. Assaillis par ces sortes de goules difformes, les légionnaires se font littéralement massacrer et Randolphe, seul rescapé, est grièvement blessé. Mais alors qu'il s'attend à être pris pour un fou en racontant ce qu'il a vu et vécu, il trouve des oreilles attentives à son récit et aussi une aide pour essayer de comprendre ce phénomène.
Cette série s'inspire des écrits de H.P.Lovecraft. La bande dessinée respecte l'esprit de ce dernier en mêlant Première Guerre Mondiale et fantastique halluciné. Le scénariste aborde la jeunesse du héros et propose de combler le mystère qui entoure les trois années jusqu'à sa réapparition à Boston. Si le récit se déroule comme une enquête mouvementée, pourtant, l'intrigue, pauvre en termes de contenu narratif, avance peu et les interrogations restent entières à la fin de ce tome. L'accent est principalement mis sur l'aspect horrifique du récit, choix assumé mais pas forcément celui attendu.
Les scènes de bataille sont particulièrement réussies. Cependant, certains personnages ou visages trop esquissés apparaissent grossiers, travers accentué par l'épaisseur du trait de Jovan Ukropina. Le rendu est tortueux à souhait.
Un premier tome intriguant néanmoins, qui laisse un sentiment mitigé. À réserver aux fans des histoires du célèbre romancier américain.
Engagé dans la Légion étrangère sur la Somme, l’archéologue Randolph Carter assiste à l’irruption de créatures indicibles massacrant son bataillon. Rescapé il entame un voyage en orient sur les traces du médaillon jadis trouvé dans le métropolitain de New-York et représentant une figure à tête de poulp….
Amis Lovecraftphiles bienvenue dans une nouvelle et très élégante itération de l’univers de l’écrivain de Providence qui nous fait découvrir le personnage récurrent de Randolph Carter. Le personnage apparait dans sept récits de Lovecraft en marge du mythe de Cthulhu. Ancêtre d’Indiana Jones, il est archéologue et homme d’action engagé pour un idéal dans la Première Guerre mondiale et relié au culte des Grands Anciens par sa généalogie.
Un peu passif sur ce premier tome (notons que l’histoire aurait probablement justifié trois ou quatre volumes), Carter sert principalement de fil rouge permettant des découvertes racontées par lui et ses interlocuteurs et relatant l’apparition de ces créatures non-humaines. Apparaissant déjà construit, le héros nous narre en deux temps l’histoire de sa famille et comment il en est venu à débarquer avec les boys sur la Somme doté d’un médaillon représentant le grand Cthulhu. Un peu linéaire mais très bien huilé dans l’enchainement des situations classiques des récits lovecraftiens (la rencontre du dément qui a rencontré les Autres, la secte occulte et ses agents infiltrés, le rationnel confronté à l’irrationnel,..), ce premier tome se lit avec grand plaisir et remplit le cahier des charges sur le plan narratif.
Le cadeau bonux est sur les dessins qui sortent du lot par leur qualité qui s’autorisent quelques planches particulièrement inspirées, notamment dans l’utilisation d’une colorisation adaptée aux ambiances. Sans être virtuoses, les dessins sont de ceux qui glissent sous les yeux mais que l’on réalise après coup pour leur lisibilité, leur finesse et leur qualité technique, discrète mais au-dessus de la moyenne.
Cette lecture est donc une excellente surprise, qui plus est chez Soleil qui a la fâcheuse habitude de reproduire les recettes et peine à sortir des rails de la maison. Avec deux tomes annoncés et un héros récurrent qui permet de découvrir une autre facette du gigantesque monde de H.P. Lovecraft, il serait dommage de se priver de cette jolie récréation.
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