«Il vous reste une journée à vivre, que choisissez-vous de faire ?» Karibou reprend à son compte cette vieille question flirtant avec le fantasme et la ventile à travers la société. L’idée n’est pas nouvelle et a souvent été posée, tant lors de soirées arrosées qu’en bande dessinée. D’un autre côté, la remettre au goût du jour et des préoccupations sociétales du moment a du piquant. Chut, tout d’abord, écoutons l’allocution du président de la République...
Pour ce projet à haut potentiel tragi-comique, le scénariste de Troie zéro et Salade César s’est associé avec Thierry Chavant, un dessinateur touche-à-tout aussi à l’aise dans la BD documentaire que la rigolade. Classique et marque de fabrique de la collection Pataquès, la mécanique narrative est basée sur des gags en une planche et des personnages récurrents, le tout est mis en image sobrement et habillé d’une bichromie en rose. Quelques grandes illustrations s’intercalent ici et là et servent de diapason à un exposé décalé au possible.
Cependant, en y regardant de plus près, la proposition de départ devient rapidement secondaire et l’exercice se résume plutôt à une simple exécution en règle et par l’absurde des dernières tendances : un président façon Macron perdu dans son ego, extrémistes de droite/de gauche/du quotidien en plein délire et un monde corporate empilant ses contradictions au nom de la productivité. Les gags fusent de partout, les protagonistes sont autant victimes que bourreaux et à la fin… Hum, chut, pas de divulgâchage, vous verrez bien.
Finalement, à la lecture de l’album, l’apocalypse générale deviendrait presque une solution très tentante, voire souhaitable. Maintenant, au niveau de l’originalité ou de la pertinence de l’entreprise, le résultat est plus contrasté. Certes, certaines piques s’avèrent bien placées et les observations sonnent globalement juste. Par contre, le constat aurait été à peu près similaire sans l’hypothèse initiale. Verdict : amusant, mais guère mémorable (pas grave, demain, tout aura disparu).
Karibou a encore frappé et il frappe fort ! Cette fois, sur la fameuse "valeur travail" et tout l'absurde qui l'entoure. La finesse des gags flirte avec l'actualité politique. Alors on rit là où ça fait mal ! Le meilleur opus de Karibou selon moi.