E
n cet été 1553, Marie est entrée triomphalement à Londres après avoir pris le dessus sur les partisans de Jeanne Grey menés par lord John Dudley. La fille aînée d’Henri VIII est enfin reine et entend rétablir l’ordre, la vérité et la foi catholique. Mais pour asseoir durablement son règne, il lui faut un héritier, comme le lui rappelle sa demi-sœur Elisabeth. La perspective d’une union avec Philippe, le fils de Charles Quint, séduit la nouvelle souveraine, mais beaucoup moins la population anglaise qui craint l’arrivée de ce prince espagnol. Déjà, certains complotent.
Dans ce troisième et dernier tome, Éric Corbeyran achève le récit consacré à celle qui fut surnommée « Bloody Mary ». Après des années d’attente, de prières et de survie, l’avant-dernière des Tudor monte finalement sur le trône d’Angleterre dont elle devient la première femme régnante. Le portait dressé s’avère nuancé, à l’image du personnage doté à la fois d’une intelligence remarquable et d’une certaine ferveur un peu rigide. Le pion d’hier s’est affranchi et imposé. Les relations que Marie entretient avec Elisabeth, son conseiller lord Gardiner et son jeune époux sont mises en avant, permettant d’avoir un aperçu des différentes facettes de l’intéressée. La recherche d’un semblant d’affection ainsi que l’espoir d’une maternité – à un âge déjà avancé - confèrent à cette souveraine controversée, sinon honnie, une dimension humaine presque tragique. Cet aspect atténue les effets délétères d’une politique brusque et essentiellement répressive, dont la conclusion relève toutefois qu’elle ne l’était pas davantage que celle menée par les deux rois précédents.
Œuvrant de concert, Claudio Montalbano, au dessin, et Jean-Paul Fernandez, aux couleurs, livrent une copie répondant aux attentes. Trait, découpage et cadrages sont efficaces, invitant tantôt dans l’intimité des appartements de la souveraine, tantôt dans les salles d’apparat. Le soin apporté aux éléments architecturaux et les diverses vues extérieures s’avèrent plaisants. Seule la couverture laisse une impression plus contrastée, tout en reflétant assez bien le côté entêté, combatif et amer de cette figure décriée et peu appréciée.
S’inscrivant parfaitement dans la ligne éditoriale de la collection des Reines de sang, cet ultime volume consacrée à Marie Tudor s’avère une lecture satisfaisante et devrait plaire aux bédéphiles amateurs et amatrices d’histoire ou curieux⋅ses d’en apprendre davantage sur cette femme.
Lire la chronique du tome 1.
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