G
aku, 16 ans, n'est pas du genre à fixer ses chaussures en gardant les mains au fond de ses poches. Non, il ne détourne pas le regard et ses poings vivent à l'air libre, sans qu'un nez ou un menton constituent des obstacles insurmontables s’il faut tracer son chemin ou convaincre. Du genre bagarreur, le gars à la tignasse d'agneau. C'est bien ce que lui reproche son père, placide restaurateur qui trouve son bonheur dans la pêche à la ligne. Les affaires vont au ralenti depuis la construction d'un pont qui détourne et éloigne la clientèle. À la veillée funèbre de cet anonyme tranquille, Gaku n’en revient pas : c'est la foule, des dizaines de quidams type « mauvais garçons sur leur 31 » pleurent le disparu. Ça ne sera pas la seule surprise de la journée. Tombé à l’eau en taquinant le poisson le temps d’un partage asynchrone avec son géniteur, il ressort, se hissant sur le même ponton. Là, il rencontre un garçon que la bagarre n'effraie pas non plus. L’évidence est là, l'adolescent est son… père. Ils ont le même âge.
Chacun connaît de la jeunesse de ses parents ce qu’eux-mêmes et leur entourage ont bien voulu livrer. Avec quantité de filtres plus ou moins édulcorants, de tris parfois hyper sélectifs et, pour finir, une bonne couche de patine valorisante. Pour Gaku, la confrontation avec la vérité est une sacrée surprise. Oh, ça ne lui déplaît pas d'avoir un daron avec un profil de leader. Ils semblent sortir du même moule. L’avoir pour pote, c'est autre chose. Et tante Rin, si stricte et effacée, la rencontrer teenager et comment dire, à ce point… différente, s'avère carrément cool. Il suffit parfois d'une petite faille temporelle pour oser, pour qu'une vie change, qu’un regard évolue.
La bagarre, c'est la vie ! peut-on déduire d’une réplique en fin de volume. C'est pourquoi, dès que des chemins se croisent, en solo ou en bande, c'est parti et ça cogne. Vrais allergiques aux roustes, changez de trottoir. Les autres, entre deux volées, il y a de quoi se sustenter en suivant le bouclé à la découverte de ces inconnus si familiers, ces lieux arpentés au quotidien et qui ont bien évolué au cours de deux décennies.
Au fait, vous-même, vous êtes sûr que votre papounet guimauve ou le rigide que vous appeliez Père n'a pas été un jour chef de bande ?
Poster un avis sur cet album