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pprochant de la soixantaine, Joon-woo mène une existence assez austère entre son travail à l’université et l’appartement où il vit avec sa fille aînée qui s’apprête à prendre son indépendance. Seules les conversations avec une amie de longue date qui cherche à le caser, quelques sorties culturelles et la lecture distraient ce veuf, friand de romances. Malheureusement, le webroman qu’il préfère a été mis en pause depuis quelques semaines. L’autrice, Syeong-min, est bloquée faute de parvenir à saisir les ressentis du personnage qu’elle a imaginé : un homme d’âge mûr tombé amoureux d’une jeune femme. Lorsqu’elle reçoit une lettre encourageante de « son plus vieux lecteur », elle y voit une ouverture. De son côté, Joon-woo est surpris de recevoir une réponse de la romancière. Une rencontre est programmée.
Publié dans la collection KFactory des éditions Dupuis, Le professeur qui lisait des histoires d’amour semble avoir tout de l’aimable bluette, depuis le titre un peu mielleux jusqu’au rose évocateur de la couverture. Certes, le sentiment amoureux s’y trouve en bonne place et envahit les pages ; toutefois, il ne s’accompagne pas forcément de mièvrerie dégoulinante. Du moins, telle est l’impression qui se dégage à la lecture du premier tome de cette série sud-coréenne initialement parue sous forme de webtoon.
En effet, à travers les protagonistes, Angram explore les différentes facettes de l’amour, les relations intergénérationnelles, le poids du deuil, ainsi que le processus créatif, l’amitié, l’isolement ou encore le vieillissement. Il est également question de la recherche du bonheur ; est-il possible de le saisir ou pas ? Puis, il y a un secret, emplissant Joon-woo, que le lecteur découvre par bribes. La narration, fluide, navigue entre le quotidien de l’universitaire et celui de l’écrivaine. Les personnages secondaires y jouent pleinement leur rôle d’oreille attentive, de conseillers et d’incitateurs au rapprochement. Certains éléments laissent entrevoir des non-dits qui pourraient avoir leur importance par la suite. Enfin, transposé efficacement de la publication en ligne au format bédé, le graphisme s’avère plaisant. Le trait possède suffisamment d’expressivité pour restituer les émotions ou rendre leur retenue, tandis que les cadrages se focalisent sur l’intime. La mise en couleur, sobre, accompagne agréablement l’ensemble.
S’inscrivant dans le registre des rapports entre générations et de la valse des sentiments, ce premier tome ouvre de manière convaincante un manhwa qui devrait plaire aux adeptes du genre.
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