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endant près de vingt ans, le football a été au centre des préoccupations pour Maxime. Le jeu, le club, l’équipe et les émotions étaient au rendez-vous. Enfin, la plupart du temps. Car, au-delà de l’émulation et des efforts, il a toujours ressenti une petite gêne. Les échanges entre les joueurs, les discussions plutôt salées dans les vestiaires, cette obligation tacite à «bouffer» ou «descendre» l’autre, l’ambiance lui était parfois difficile à supporter. En gros, ça ne respectait pas trop sa vision des choses ni sa sensibilité. Ça ne l’a pas empêché de faire une carrière jusqu’à atteindre le statut de semi-pro dans l’antichambre de l’élite. Et puis, un jour, il en a eu marre et a tout laissé tomber afin d’entamer une carrière d’artiste, d’auteur de bande dessinée !
Avec Arrêt de jeu, Maxime Schertenleib revient sur les terrains de football et tente de comprendre ce qui l’avait tant troublé pendant ses années consacrées au ballon rond. Premier album sensible et sincère, l’ouvrage oscille entre nostalgie, sociologie et cheminement personnel. Le foot, il l’aime encore et remet même ses crampons à l’occasion pour une partie avec des potes, le problème n’est pas là. Non, c’est de ce qui se cache derrière la culture de la gagne que vient son malaise : propos misogynes et homophobes, discours haineux dans le but rabaisser les adversaires (ou un coéquipier considéré trop tendre), etc. Vu des tribunes ou de son poste de télévision, le spectacle est beau, les gestes techniques impressionnants. Depuis le banc, la réalité est toute autre et repose sur l’exacerbation des instincts les plus primaires. Pour certains, à l’image de Max, c’est intolérable, car il s’agit avant tout d’un jeu comme le décrit si bien Didier Tronchet dans Le Footballeur du dimanche. Sans être une véritable révélation pour lui, le fait de mettre sur le papier son ressenti lui a permis d’évoluer en tant qu’être humain et, finalement, de mieux accepter son choix de quitter brutalement ce qui reste pour lui le plus beau sport du monde.
Joli portrait de jeune homme en devenir explorant un sujet ô combien populaire, mais globalement méconnu ou feint de l’être, Arrêt de jeu est une lecture intimiste des plus réussies. Auto-fiction très biographique, il est juste un peu dommage que Schertenleib, qui semble s’être très bien documenté, ne propose pas de pistes de réflexion ou de solution face à cette situation en dehors de sa propre expérience. Lui s’est volontairement éloigné de cet univers toxique, mais quid de ceux qui perpétuent ces pratiques ?
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