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u côté du couvent de Saint-Patrick, personne ne sait plus à quel saint se vouer. Afin de conserver leur toit, les bonnes sœurs se sont engagées à fournir de l’alcool de contrebande à Dan Carroll et ses associés. Au même moment, le Ku Klux Klan rôde et est décidé à «nettoyer» la région (la congrégation y compris, le chef des encapuchés ayant des plans pour récupérer le terrain). Pire encore, dans sa fuite (avec la caisse de la Mère supérieure), Holly est tombée sur Frank Wallace, son ancien souteneur. Réalisant l’imbroglio général, celui-ci se dit qu’il se verrait bien lui-même en bouilleur de cru et rafler la mise, évidemment. Si tout cela n’était pas suffisant, des agents du FBI viennent de débarquer en ville pour enquêter à propos de disparitions, particulièrement celles d’hommes noirs…
Suite et fin de L’élixir de dieu dans Deus Ex Alembicus. Thriller plus ou moins parodique, le tout mâtiné de comédie, le récit de Gihef continue sur les chapeaux de roue dans ce second tome. Les différents éléments introduits dans Spiritus Sancti sont en place et ne demandent qu’à finir de se développer et de s’entrechoquer au cours d’un final tirant au moins quarante degrés. Sur ce plan, le lecteur ne sera pas déçu : coups de théâtre à répétition, retournements de situation inespérés et une succession tendue de scènes d’action et de petits moments d’humour rythment un album plein, voire débordant. C’est peut-être là que la narration pèche quelque peu. En effet, le scénario souffre d’un encombrement chronique : multitude de personnages à peine ébauchés et des enjeux peu définis et, plus grave, expédiés ; l’ensemble est raconté à cent à l’heure et ne s’attarde pas dans les détails. Résultat, si cet enchaînement de péripéties est ultra-rythmé et très bien organisé, l’impression de passer à côté de nombreuses informations se montre tangible. Vu la richesse de la distribution et le cadre général, deux ou trois albums supplémentaires n’auraient pas été inutiles pour donner véritablement de la chair à cette histoire tellement foisonnante.
Visuellement, Christelle Galland reste sur les mêmes bases que dans le premier volume. Trait semi-réaliste agréable et faisant preuve d’un souci tout particulier pour conférer à ses protagonistes des personnalités distinctes, la dessinatrice rend une copie solide au découpage varié et dynamique. Sa mise en couleurs s’avère également au point. Particulièrement quand il s’agit de poser et renforcer les ambiances par l’intermédiaire de subtils jeux sur les tonalités.
Un peu à l’étroit dans une pagination trop serrée, L’élixir de dieu a le mérite de proposer un récit auto-conclusif explosif et parfaitement boulonné, malgré de nombreux pans à peine ébauchés. Cela dit, la dernière page entrouvre une porte pour une suite éventuelle. Celle-ci pourra certainement clarifier quelques tenants et aboutissants laissés de côté. En attendant, sláinte et amen ! Dieu reconnaîtra les siens.
Pas aussi hilarant que le premier tome, mais quand même toujours un scénario bien déjanté, avec des visages expressifs à souhait. Une bonne histoire en deux albums, bien ficelée, réussie. Un peu courte ?
Les aventures des bonnes sœurs distilleries se poursuivent à un rythme effréné. Dynamisme et bonne humeur font de cet album une réussite. Le lecteur est embarqué et ne peut que trouver sympathique cette congrégation. Trop d'histoires sans doute périphériques viennent s'entremêler. Mais la compréhension reste fluide et il n'y a pas d'impact sur le rythme de lecture. Lecture d'ailleurs beaucoup trop courte. On en redemande. Il ne s'agit pas de la série du siècle mais d'une bonne poire pour la soif.