I
ls sont quatre et vivent leur jeunesse à pleine vitesse sans réelle conscience des risques qu’ils prennent. Une même passion a réuni ces personnalités si différentes, ce goût prononcé pour la musique, celui du bon vieux Rock’n’roll. Leur préoccupation actuelle est très matérielle, ils ont besoin d’un local pour répéter. Leur salut viendra du père de Giuliano, il met temporairement à leur disposition le fameux local tant désiré. Sans s’en rendre compte ils s’embarquent dans une aventure, comme celles qui amènent à se prendre en charge, à apprendre de ses erreurs, bref à devenir adulte.
L’année 2005 est incontestablement celle de l’italien Gianni Pacinotti, alias Gipi avec pas moins de quatre albums parus. Rien de surprenant à ce que Joann Sfar, directeur de la nouvelle collection Bayou aux éditions Gallimard, ait fait le choix de publier ce nouveau livre déjà paru en Italie. Les récits de Gipi sont tous remarquables parce que très différents, que ce soit dans la narration ou dans le traitement du dessin. Le Local nous offre une autre facette de son talent.
Rien de plus banal que l’histoire de quatre copains, musiciens amateurs à la recherche d’un lieu pour leurs répétitions. C’est vrai, mais le tour de force de Gipi est d’avoir su transformer un sujet passe-partout en un récit d’une grande profondeur, explorant avec justesse les caractères de ses personnages. Il nous entraîne dans l’intimité de ces futurs adultes qui doivent encore apprendre de leurs erreurs pour quitter définitivement cette insouciance de l’adolescence. Résumer Le Local à une bande de jeunes fondus de Rock’n’roll serait une erreur, c’est bien plus que cela. Ce sont à la fois des interrogations très matérielles avec ce besoin de répéter, et des questions plus universelles portant sur leur avenir.
Cet album est également prodigieux par le découpage choisi, cinq chapitres pour cinq chansons. Chacun d’entre eux raconte un événement marquant de leur existence et se termine par la chanson relatant cette petite tranche de vie. Avec ces planches sans bulles, on s’y croirait presque, on s’imaginerait aisément dans ce lieu vibrant de leur accords appuyés à la guitare, ressentant les vibrations de la batterie. On croyait Gipi cantonné dans des gammes de couleurs sombres, il nous montre ici qu’il est aussi à l’aise avec des ambiances très colorés, très vives. Enfin, parce que c’est son style ou bien parce qu’il souhaitait que son album soit plus sonore, il gratifie une partie de ses cases de sons aussi anodins qu’un personnage qui renifle, ou d’un autre qui se gratte le bras. Autant de petits riens qui rendent son récit hors du commun.
Voici un album qui se lit comme on écouterait un vieux vinyl aux sillons craquants, avec émotion. Gipi est un auteur talentueux et le prouve une nouvelle fois avec Le Local, une mélodie aux accords parfaits.
Il s'agit de la seconde bd de cet auteur italien (qui s’exporte d’ailleurs très bien à l’international). La première œuvre à savoir « Notes pour une histoire de guerre » - Prix du meilleur album à Angoulême 2006 - ne m’avait guère convaincu.
Avec le Local, j’ai eu l’impression de lire une bd se situant dans le même univers un peu glauque. C’est certainement lié à un graphisme très reconnaissable que signe la patte de l’auteur. Et justement, je trouve ce trait graphique anguleux assez repoussant. Les visages de ces quatre grands adolescents sont volontairement horribles : oui, c’est le fameux créneau « la beauté du laid » ! On a l’impression d’évoluer au milieu d’une bande de loubards ou de skin head néo-nazis.
J’ai pourtant essayé de faire abstraction de mon dégoût pour me plonger dans l’histoire de ce local. Le récit est tout ce qu’il y a de plus banal : un local provisoire où cette bande d’amis s’entraînent collectivement à jouer de la musique rock.
J’ai alors voulu savoir ce qui fait que cette bd est tant appréciée par ses lecteurs. Ce n’est certainement pas les dialogues qui sonnent creux et ni la profondeur psychologique des personnages. Je cherche encore et je ne trouve pas. Recherche Suzanne désespérément.
Essai ou témoignage pour démontrer qu’unis dans la musique, c’est bien ? C’est tout ce que cela évoque pour moi. Pas fameux…
Chouette petite BD (qui fait quand même 118 pages) mais qui se lit relativement vite.
Gipi nous conte la vie d'une bande de potes férus de musique avec leur rêve, leur ambition de percer dans ce monde artistique pas facile.
Le tout est assez contemplatif, mais il y a une agréable ambiance, une certaine nostalgie qui se dégage...
Les dessins ne sont pas ce que je préfère, ils sont assez grossiers mais on finit par ne plus y penser car l'histoire est prenante et sans prise de tête. A découvrir, ça change mais le fond du récit reste tout de même très banal !
J'ai beaucoup aimé ce "Local". Gipi retranscrit notamment très bien l'énergie qui se dégage du groupe lors des scènes de répétitions. On entendrait presque la musique que l'on imagine bien proche de celle de At the Drive in et consorts...Ces scènes pleines d'énergies alternent étrangement avec des passages calmes (d'ennuis ?) dans lesquelles les ados sont avec leurs parents. L'histoire des ces ados qui s'accomplissent totalement au travers de leur musique est classique mais pleine de sensibilité et dépeint bien le monde des "djeuns" et les étranges liens qui les unissent avec leurs parents. Gipi en profite pour égratigner la cynique industrie musicale, broyeuse de rêve et donc de créativité. J'aime bien le dessin et les couleurs de Gipi qui peuvent je le reconnaît ne pas plaire à tous le monde.
J'ai donc beaucoup aimé "Le Local", d'avantage que "Notes pour une hitsoire de guerre" d'ailleurs.
Que dire sinon : "vous avez aimé le rock'n roll, le vrai, dans les caves avec de la Kronenbourg et de la sueur" ? Alors cette BD est pour vous. Vous ressentirez ce qu'exprime Gipi : le rêve, l'évasion, l'utopie, l'amitié,... sans oublier le n'importe quoi, l'errance, le décalage avec la réalité... Sinon, vous serez sans doute moins réceptif.
Cette lecture a été pour moi un grand moment de rock - avec une intensité similaire à celle d'un concert.