À Londres, dans les années 1920, Amy et Elliot rêvent d’exploration et de découvertes fabuleuses. À défaut de pouvoir se déplacer réellement, leur imagination plonge dans leurs livres, notamment ceux de James Harnett, archéologue renommé et père adoptif de la jeune fille. Ce dernier, obsédé par l’Atlantide, prépare une expédition au Honduras britannique, sur les traces de la civilisation maya. Apprenant cela, l’adolescente téméraire s’invite. Le refus de son père vole rapidement en éclat face à la ténacité et aux arguments de l‘exploratrice en herbe. S’ensuivent un long et merveilleux voyage, une réception chez lady Astor, qui finance l’excursion, et des jours de marche dans la jungle, lourds de chaleur et irritants du fait des piqûres de moustique. Sur place, les fouilles s’engagent au pied d’une pyramide. Amy affirme son caractère et ses idées féministes. Elle n’a de cesse de gagner la confiance de son père et de montrer quelle scientifique elle est déjà. Mais ses questions incessantes dérangent, sa curiosité crée de la méfiance chez certains membres de l’équipe. Des tensions sourdent et n’attendent qu’une étincelle pour exploser.
Le Crâne de Lubaatun est le premier tome d’une nouvelle série, Les Mondes perdus, pilotée par Aucha au scénario et Isabelle Lemaux-Piedfert au dessin, et c’est la première incursion dans la bande dessinée pour toutes les deux. S’adressant à un jeune lectorat, signées chez Dupuis, elles adoptent la ligne éditoriale suivie par Le Journal de Spirou avec, au menu, de l’aventure, de l’humour et une héroïne au caractère bien trempé, prête à défendre la veuve et l’orphelin ou à s’engager dans des causes actuelles. Amy tient ainsi un discours novateur sur la condition des femmes et tâche de faire bouger les lignes sur la pratique répandue qui consiste à piller sans vergogne les sites archéologiques des pays transformés en colonies. Le récit constitue également une belle plongée dans la culture maya. Ces thématiques s’entremêlent avec fluidité et constituent un récit clair et solide.
Le graphisme, qui se nourrit de l’univers des mangas, mérite d’être souligné par son beau travail sur la lumière, des cadrages atypiques et une mise en couleur talentueuse d’Aurélie F. Kaorie. Entre tradition franco-belge et modernité japonaise, Le Crâne de Lubaatun (dont l’intrigue se clôt avec l’album) devrait trouver son public. Si l’originalité n’est pas de mise, le talent, lui, est au rendez-vous.
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