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ontpellier, 1975. Angelita, fille de réfugiés, mène une existence tranquille avec époux et adolescent. Un soir, son beau-père lui apprend que sa mère est hospitalisée à Barcelone. La chose est étonnante puisqu’elle s'était jurée de ne pas retourner dans son pays avant la mort de Franco. Tous deux partent à son chevet. Dans le train, elle raconte sa vie : fuite pendant la guerre d'Espagne, autorités françaises séparant les familles, camps insalubres, puis disparition du paternel réputé mort après sa déportation par les nazis à Mauthausen. Changement de narrateur dans la deuxième partie, alors que le géniteur, finalement toujours vivant, comble les vides.
Denis Lapière dépeint une période de turbulences à travers ses conséquences sur les protagonistes, victimes anonymes et collatérales des événements. Malgré leurs blessures, mère et fille se reconstruisent et semblent relativement heureuses. L'adultère se révèle, étrangement, le discret fil conducteur de cette histoire.
D'abord publié en 2013 dans deux tomes lancés presque simultanément, Le convoi adopte une structure dite champ / contrechamp classique et efficace. Chacun expose son point de vue et, au final, le bédéphile dispose d'une vision complète des mésaventures.
Au terme du récit, le mystère est dissout, Le lecteur a toutefois du mal à comprendre le pourquoi des cachotteries entretenues par les parents. La résolution de la crise conjugale d'Angelita, qui s’affirme comme le point de départ et d’arrivée du diptyque, demeure pour sa part convenue et anecdotique, voire artificielle.
Le trait gras d'Eduard Torrents s’exprime dans de grandes cases. Un luxe d'espace dont il ne profite pas tant les décors sont succincts. Le jeu des comédiens se montre pour sa part figé, même lorsqu’ils sont captés en gros plan. Le travail de Marie Froidebise, dont la mise en couleur repose sur de larges aplats, contribue à l’artificialité des illustrations.
Un sujet intéressant, dévoilant un volet méconnu de l'histoire de l'Hexagone. Un copieux de dossier de onze pages sur ces exilés mal aimés permet du reste de s’instruire sur cette question. Cela dit, dans les années 1930 comme aujourd'hui, en France comme partout, les migrations massives se font rarement sans heurts.
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