I
nvoquer un démon n'est pas chose aisée. Il y a des règles à respecter et le prix à payer est élevé. C'est pourquoi les invocations étaient plutôt rares.
Mais ça, c'était avant.
Les démons ont été expulsés des Enfers et se retrouvent désormais prisonniers d'amulettes. Quiconque entre en possession de l'un de ces artefacts peut utiliser la créature démoniaque à sa guise, comme un simple pokémon. Voici donc septante-deux entités surgies des gouffres méphitiques qui peuvent débouler à tout moment et foutre un chaos monstre dans Londres. Heureusement, l'occultiste Ellie "Bloody El" Hawthorne est bien décidée à remettre les choses à leur place et renvoyer une bonne fois pour toutes ces monstruosités d'où elles viennent. Mais elle se retrouve confrontée à Theo Bolster, multimilliardaire lui aussi versé dans l'occulte, qui désire tirer un maximum de bénéfices de la situation.
La couverture de cette nouvelle série profite ostensiblement de l'aura du dessinateur Charlie Adlard. Typographie et composition rappellent immanquablement The Walking Dead. Pourtant, cette plongée dans une capitale londonienne interlope au côté d'une détective nécromancienne évoque beaucoup plus l'inquiétant John Constantine. Graphiquement, Damn them all est évidemment diablement efficace. Quelques passages sont particulièrement réussis, à l'image de la séquence d'ouverture en vue subjective. Les couleurs de Sofie Dodgson entretiennent une atmosphère poisseuse et surnaturelle. La bonne surprise vient surtout du scénario de Simon Spurrier, qui a, entre autres, travaillé sur l'univers étendu de Sandman mais aussi sur Hellblazer.
La crainte de se retrouver face à un divertissement facile et sans nuances est rapidement démentie. Loin de se cantonner à une alternance de traque et d'exorcisme, l'intrigue se permet quelques directions originales, un humour bien dosé et un ancrage social inattendu dans ce type de récits. Enfin, les extraits des notes d'Oncle Alfie apportent un contrepoids bienvenu, proposant une encyclopédie impertinente des monstres croisés au fil des rencontres et permettant de développer l'univers sans longueurs excessives.
Ce premier tome est mené à cent à l'heure, nerveux, violent mais aussi jouissivement roublard. Il se conclut évidemment sur un cliffhanger qui donne très envie de lire la suite.
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