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n février 1841, sur les hauteurs dominant Douvres, le capitaine Danvers et les soldats qu’il commande n’en croient pas leurs yeux. Les sept bandits qu’ils poursuivaient sont des espionnes étrangères expertes dans l’art de manier l’arme blanche. À l’issue d’un affrontement sans merci, le militaire remet le corps brisé de la meneuse adverse au professeur Dippel pour un prélèvement. Trois ans plus tard, Mary Shelley observe une bottine rouge conservée au Black Museum. Elle en a connu la propriétaire : Elcy, une créature recousue de toutes parts sous ses bandelettes, que la romancière devait rendre présentable et éduquer pour une mission de la plus haute importance.
Après Florence Nightingale et l’homme en gris (dans Ghost & Lady), ainsi que Jack Talons-à-ressort et l’inspecteur James Rockenfield (dans Springald), un nouveau duo se cristallise autour d’un objet singulier émergeant du conservatoire insolite de Scotland Yard. Cette fois-ci, Kazuhirô Fujita (Karakuri circus, Bakegyamon) imagine l’autrice de Frankenstein rencontrer une monstresse tout droit sortie de son œuvre.
Pour raconter ce face à face, le mangaka utilise le mode de la confidence, Mary Shelley déversant ses souvenirs à la gardienne du musée autour d’un thé. Ces allers-retours entre ces brefs passages et les événements évoqués assoient le rythme de la narration et aident à ménager le suspense. Les considérations de l’écrivaine viennent, en outre, éclairer son regard sur ses propres écrits, sa condition, et ses motivations à relever le défi. Les présentations faites, le propos se concentre sur les premiers pas tâtonnants d’Elcy, les réactions suscitées par son apparence et les situations parfois cocasses qui découlent de ses maladresses. Entre effroi et amusement, l’aventure progresse sans peine, dynamisée par une note humoristique marquée et par un dessin jouant à fond la carte de l’expressivité. Dénotant au milieu d'une production plus lisse, le style graphique possède un côté un brin "old school" qui mêle des cases assez simples dans leur composition et des images au rendu minutieux autant que foisonnant.
Distrayant et doté de personnages attachants, ce premier volume (sur six) de Crescent Moon. Dance with the monster attise suffisamment la curiosité pour donner envie de connaître la suite des tribulations de Mary et de sa protégée.
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